THE HAIRY GIRAFFE… AUX ÉMIRATS ARABES UNIS
Après 10 jours aux Émirats arabes unis, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.
Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches. |
Le bilan de François
Notre fin de semestre au travail avant notre tour du monde a été très occupée. Le temps des Fêtes et les derniers préparatifs du voyage nous ont un peu achevés. Nous savions que nous risquions de commencer le voyage sur les rotules (ce qui n’a pas loupé). C’est pourquoi nous avons choisi les Émirats arabes unis comme première destination de notre tour du monde. Nous souhaitions, en effet, débuter ce long voyage par un pays facile. Facile dans son organisation: c’est un petit pays où il n’y a pas des masses de choses à y faire donc peu de choses à planifier. Facile pour les déplacements : avec une voiture, on peut facilement tout faire. Facile dans son hygiène : c’est un pays moderne, propre, où les risques d’intoxication alimentaire sont peu probables et l’eau potable. Bref, c’était une belle destination pour débuter en douceur huit mois de voyage à travers la planète.
J’avoue que je ne m’attendais pas à grand-chose de ce pays. Déjà, je n’en connaissais que bien peu à son sujet. Pour moi, les Émirats arabes unis ne se résumaient qu’à Dubaï et Abou Dabi. C’est donc avec une réelle surprise que j’ai découvert un pays un peu plus étendu que ce que je croyais initialement. OK, je sais. Il reste petit (moins du sixième de la France), mais est plus que ses deux plus grosses villes mondialement connues.
C’est ainsi que j’ai pris un réel plaisir à découvrir Al Aïn sans doute une des plus belles surprises du voyage. Le fort et l’ancien lieu de résidence royale du Cheikh valent le détour. De plus, de tout le voyage, Al Aïn est sans doute la ville la plus authentique que nous ayons pu voir. Les constructions y sont plus modestes et davantage à taille humaine. La population, plus locale. L’ambiance, plus en adéquation avec l’image qu’on peut avoir de l’Arabie notamment grâce au désert aux teintes orangées qui entoure la ville.
Après deux semaines dans le pays, je peux me permettre d’affirmer que l’authenticité ne rime pas avec Émirats arabes unis. Ce n’est pas réellement une surprise. Un simple coup d’œil aux images et vidéos présentant Dubaï peuvent laisser supposer que ce sera un peu (beaucoup) bling-bling. Si effectivement Dubaï est horriblement superficiel (j’y reviendrai), le reste du pays n’est pas plus authentique pour autant. En circulant dans le pays, on a rapidement l’impression que tout est fait pour impressionner. Les villes, par exemple, y sont ridiculement étendues. La ville d’Abou Dabi fait 972 km2 soit plus de 9 fois la taille de Paris alors que le nombre d’habitants y est moindre.
Pour circuler aisément dans une ville de cette taille (ou comme dans toute ville du pays d’ailleurs), il faut absolument une voiture. Utiliser les transports en commun prendra le double du temps. La marche, ce n’est même pas la peine d’y penser. Tout est beaucoup trop éloigné et vous avez plus de chance de vous faire percuter par une voiture ou de vous attraper une insolation que d’arriver à destination.
Les centre-villes débordent de tours toutes plus hautes les unes que les autres. Le fait qu’elles soient plantées-là au milieu du désert rend la chose, à mon sens, encore plus factice. C’est peut-être un préjugé de ma part, mais dans un environnement qui est, de prime abord, hostile avec des températures qui peuvent frôler les 50 degrés en été, du sable partout et l’absence d’eau potable, je m’attends davantage à des habitations plus modestes. D’autant plus que ces immeubles ressemblent souvent à une palissade. Ils vous accueillent dès votre entrée dans la ville et derrière eux, c’est le sable et le désert. C’est un peu comme s’ils servaient à préserver la vie qui se trouvaient en leur centre.
La population ne contribue pas non plus à rendre l’expérience authentique. Seuls 10% de la population est d’origine émiratie (ce nombre baisse considérablement dans les grosses villes comme Dubaï). Les habitants sont donc majoritairement issus de l’immigration et essentiellement d’Inde et du Bangladesh. La plupart d’entre eux sont venus aux Émirats dans l’espoir d’y travailler et d’y trouver une qualité de vie supérieure à celle qu’ils avaient dans leur pays d’origine. Les conditions de travail y sont évidemment mauvaises, les boulots ingrats et le salaire misérable. Cette importante immigration fait en sorte qu’on est loin des rues d’Aladdin.
Le pays n’a pas non plus énormément de culture à partager. Ses musées les plus connus sont occidentaux : le Louvre et le Guggenheim Abu Dhabi (dont l’ouverture est prévue prochainement). Sa cuisine traditionnelle est loin d’avoir pignon sur rue. À part des dattes (somme toute excellentes), le pays ne produit pas grand-chose. À l’épicerie, vous trouverez plus facilement des spécialités et des produits libanais, indiens, philippins et européens qu’émiratis. Les marques de fast food américaines sont également bien présentes partout dans le pays. Vous n’aurez aucun mal à prendre votre café Starbucks le matin, à déjeuner avec votre wrap McDo, à goûter chez Tim Hortons (oui, oui, le même Tim qu’au Canada : j’ai cru revivre en mangeant un boston à l’érable !) et à finir la journée devant votre menu Wendy’s. Encore une fois, pas très authentique tout ça.
L’apogée du moins authentique reste tout de même Dubaï. Le centre-ville déborde de tours plus hautes les unes que les autres. Contrairement à New York, ici, il n’y a aucune harmonie. On se fout complètement de la vue d’ensemble, de la perspective et de l’image globale que projette l’ensemble de ces tours. On fait pousser des tours de chaque côté d’une autoroute de 14 voies et c’est tout. Les qualificatifs de la démesure sont aussi nombreux : le monument le plus beau au monde (autoproclamé), le centre commercial le plus gros au monde, la tour la plus haute au monde. Tout ça se trouve à Dubaï. Tout pour flasher.
Les voitures de luxe sont évidemment bien présentes et leurs conducteurs se font un plaisir d’en faire vrombir les moteurs, car ce serait dommage de passer inaperçu.
Les cliniques d’esthétique sont légion et leurs adeptes (pas toujours très réussies) aussi. Le faux ne se trouvent pas seulement sur les gens. Il se trouve aussi dans les zones touristiques. Les souks sont tout ce qu’il y a de plus faux et n’ont rien à voir avec les souks maghrébins. Ici, pas de tentes, de produits en désordre ni d’animation. On est sur un simple centre d’achats (souvent climatisé) qu’on a voulu rendre authentique et vintage en lui peignant des fissures sur les murs (véridique).
Les ghettos remplis d’expatriés ne contribuent pas non plus à faire de Dubaï une ville authentique. Le quartier de la marina, certes joli, est bondé d’Occidentaux qui semblent avoir oublié dans quel pays ils se trouvaient. Les femmes plastifiées en mini shorts qui font leur jogging et les bodybuilders torse nu qui se pavanent sont (trop) nombreux et contrastent violemment avec les tenues traditionnelles musulmanes portées par les émiratis…
Les Émirats arabes unis, ça vaut la peine d’y aller ?
Tout dépend de ce que vous cherchez. Si vous souhaitez un lieu où vous pourrez vous prendre pour Aladdin ou Jasmine et vivre vos nuits d’Arabie, oubliez les Émirats arabes unis. Optez davantage pour Oman, moins commercial, moins touristique, plus authentique. Si vous souhaitez dépenser beaucoup d’argent dans des boutiques de luxe, afficher votre nouveau visage entièrement retapé ou faire le coq, un endroit comme Dubaï répondra à vos attentes. Si vous avez envie de découvrir un mash up pas très abouti entre l’Occident et l’Orient, les Émirats arabes unis sont fait pour vous. Par contre, ne vous y attardez pas trop longtemps. On en a vite fait le tour.
Retrouvez le bilan de Benjamin :
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