THE HAIRY GIRAFFE… EN ROUMANIE
Après une semaine en Roumanie, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.
Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches. |
Le bilan de François
Une forte carence de froid et de neige nous a incités à choisir un pays aux saisons marquées pour un voyage en février. Nous avions déjà fait la Laponie finlandaise et souhaitions vivre quelque chose de différent. Nous n’avions pas besoin de hautes montagnes, car nous ne skions pas. Nous n’avions pas non plus forcément besoin de vastes étendues blanches et de tonnes de neige, juste d’avoir froid (oui, oui, le besoin d’avoir froid existe réellement surtout pour un Québécois) et de marcher sur une couche blanche. Nous ne souhaitions pas non plus partir très loin : l’Europe offre de magnifiques destinations et les pays y sont suffisamment variés pour que nous puissions y trouver notre bonheur. C’est avec ces critères, quelques images des Carpates et de Dracula (que j’avais lu à Halloween précédent) que nous avons choisi la Roumanie et plus spécifiquement une région, la Transylvanie.
Le mythe Dracula
Il était impossible pour moi de partir en Transylvanie sans vivre le mythe Dracula à fond. J’étais peut-être stupide, mais je m’attendais à trouver Dracula partout en Roumanie. Avoir la chance d’avoir un personnage mythique de la littérature, mondialement connu, comme icone du pays, je trouvais l’idée très séduisante. Ma déception a donc été grande lorsque je me suis rendu compte, dès les premiers jours passés à arpenter Bucarest et à faire les boutiques de souvenirs que la Roumanie ne semble pas avoir autant d’affection que moi pour Dracula. Le personnage y est en effet peu présent. Après réflexion, cela est sans doute normal : on n’est pas en Transylvanie et la capitale a autre chose à mettre de l’avant. Tous mes espoirs reposaient donc sur la ville de Bran, petite commune de Transylvanie, dans lequel se trouve le château qui a inspiré Bram Stoker.
En roulant vers Bran, j’étais aussi fébrile qu’une adolescente dans une boutique de vêtements avec la carte bleue de son père PDG de chez Total à la main. La ville de Dracula, une ville 100% Dracula, ç’allait être vraiment génial ! Il allait y avoir Dracula ou à minima des vampires ou des chauves-souris partout. Je m’attendais à trouver aussi toutes sortes de produits dérivés à l’effigie du personnage de Stoker dans les boutiques, à voir des gens déguisés en vampire, à voir le mot « vampire » écrit en lettres de sang sur les boutiques, à ce qu’on me serve des drinks à base de « sang » dans les restaurants et les bars, à trouver un kiosque vendant des croix, des gousses d’ail et de l’eau bénite au pied du château… A plein de trucs, quoi ! (Oui, je sais, c’est parfois un peu comme Disney dans ma tête). En réalité, pas du tout, mais vraiment pas du tout. La ville de Bran ne présente aucun intérêt particulier et ne surfe pas du tout sur la vague Dracula. Exit le sang, les chauves-souris, les canines aiguisées, les habitants déguisés. Nous avons même eu du mal à trouver deux magnets vampiresques auprès des vendeurs de souvenirs qui se trouvaient au pied du château. La saison hivernale n’a peut-être pas aidé : plusieurs stands et boutiques de souvenirs étaient fermés et les environs du château étaient plutôt déserts. Malgré tout, je doute que, en plein été, les vampires envahissent la ville pour croquer les touristes.
C’est donc sans croix, ni ail, ni eau bénite et par un temps gris (question de mettre un peu d’ambiance) que nous nous sommes aventurés vers le château. Déjà, le château est vraiment superbe. Massif, il trône sur une crête et domine la ville. Sous lui, se trouve un joli parc dans lequel il est (enfin !) possible d’apercevoir quelques panneaux et décorations horrifiques.
Après une balade plutôt agréable dans le parc afin de prendre de nombreuses photos du célèbre château et des quelques images de vampires présentes, nous décidons d’entrer à l’intérieur. A ce moment, nous sommes plutôt excités, car si la ville ne joue pas du tout le jeu vampire, le château a tout l’air de vouloir sauver la mise. On s’attend donc à trouver un endroit lugubre et sombre. Je me permets même de rêver à nouveau à mes messages en lettres de sang sur les murs et, pourquoi pas, à la chambre de Dracula avec son cercueil et peut-être même sa cape posée sur un porte-manteaux. Après tout, ce serait la moindre des choses. Si je peux visiter la cuisine de Rémy le rat de Ratatouille et le château de la Belle au bois dormant à Disney, pourquoi ne pourrais-je pas visiter la chambre de Dracula au château de Dracula (oui, encore mon cerveau en mode Disney…) ? Une fois à l’intérieur, seconde déception. Des murs blancs, une lumière blanche éclatante, des meubles d’époque, des tapis… on est encore une fois bien loin de Dracula. De nombreux panneaux relatent l’histoire du château et de la reine Marie de Roumanie (la famille royale a séjourné au château au début du 20e siècle), mais toujours rien de très vampirique. La déception ! Soudain, dans un coin du hall d’entrée, un nom attire mon attention « Vlad Țepeș » (Vlad l’Empaleur… DRACULA !!!). Voilà à quoi se résume le mythe Dracula au château de Bran : un petit panneau qui parle du personnage historique en faisant le lien avec le personnage imaginaire. Triste. Heureusement, deux bonnes surprises nous attendaient un peu plus loin dans le château : une pièce consacrée à une exposition sur les mythes folkloriques de la région comme les loups-garous et les vampires (ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais c’est déjà ça) et, accessible aux adultes seulement et moyennant un léger supplément, une chambre des tortures.
Cette chambre des tortures présente de vrais outils de torture (chaise de Judas, matériel d’empalement, chevalet, etc.) avec une description détaillée de leur utilisation le tout agrémenté d’images juste au cas où vous n’avez pas bien compris comment ça fonctionnait ou quel os éclatait en premier. Même si c’est glauque, horrible (c’est d’autant plus glauque et horrible qu’il s’agit de vrais trucs) et que ça peut donner la nausée, c’est parfait pour le château de Dracula !
Et le reste du pays ?
La Roumanie, ce n’est pas seulement Dracula. C’est aussi Bucarest. Mon avis sur Bucarest est partagé. La ville est dynamique et a clairement un côté étudiant, vivant et jeune. Elle a aussi un côté bien déglingué avec des tags, des trottoirs défoncés, des immeubles abandonnés aux vitres cassées. Le contraste peut être un peu perturbant. La transition entre une rue nickel aux restaurants bondés et une autre où on a l’impression qu’une bombe vient d’exploser est assez brutale. Comme si le simple fait de marcher dans les rues n’était pas suffisant pour « apprécier » ce contraste entre destruction et « jolies » choses, nous avons décidé d’aller visiter la villa des Ceausescu. Une visite hors du temps et des limites du possible. Des chambres gigantesques, du mobilier hors de prix, des matériaux nobles du sol au plafond, la démesure de l’ancien dictateur n’avait visiblement aucune limite. Une visite édifiante durant laquelle j’ai n’ai pas pu m’empêcher de penser que, à côté de ça, nous habitions dans un placard à balais.
Et le froid et la neige dans tout ça ?
Ils étaient bien présents. Un froid confortable (vous savez ce genre de froid qui raffermit et rosit légèrement la peau sans jamais nous faire grelotter, mais qui nous rappelle qu’on est mieux de porter une doudoune si on ne veut pas attraper une crève) nous a accompagné une grande partie du voyage. Il nous a permis de nous couvrir et de frissonner comme nous le souhaitions tout en nous donnant l’impression de vivre un vrai hiver. La neige, un peu plus discrète en zone urbaine, a mis de l’ambiance au château de Bran et à ajouter un côté pittoresque au paysage des villes et villages que nous avons traversés. Elle était toutefois bien présente lors de notre séjour à Paltinis et m’a permis de faire un truc que j’adore avec de la neige (en plus de lancer des boules sur Benjamin) : me jeter dedans et faire des anges.
La Roumanie, ça vaut la peine d’y aller ? Je ne m’attendais pas à grand-chose de la Roumanie (en fait, oui, j’attendais beaucoup de choses de Dracula, mais bon, je ne vais pas y revenir…). C’est donc avec un réel plaisir que je l’ai découverte. Si la Roumanie a un côté très traditionnel avec ses carrioles qui roulent sur les routes, ses mines de sels aménagées en véritables villages souterrains et ses magnifiques églises comme celles de Curtea de Arges, elle a aussi un côté moderne avec sa capitale au côté destroy et ses petites villes colorées aux grandes places où il fait bon s’attabler à une table pour boire un verre. Par contre, pour le marchandising et la communication marketing sur Dracula, on repassera…
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