THE HAIRY GIRAFFE… À SINGAPOUR
Après quatre jours à Singapour, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.
Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches. |
Le bilan de Benjamin
À l’instar de Dubaï, Abou Dabi ou encore Hong Kong, la plupart des voyageurs visitent Singapour à l’occasion d’une escale et très peu la considèrent comme une destination à part entière. La cité-État encourage ces pratiques, avec un aéroport pensé comme un centre commercial doublé d’un parc d’attraction, et une compagnie aérienne nationale, Singapore Airlines, qui va parfois jusqu’à offrir la nuit d’hôtel à ses clients en escale.
Nous avons passé 4 jours à Singapour lors de notre voyage de 8 mois autour du monde. Entre le Japon et la Malaisie, ces 4 jours nous ont offert une transition en douceur entre l’Asie du nord et l’Asie du sud. En douceur, parce que Singapour est un pays facile à visiter : propre et compacte, la cité-État offre un système de transports publics bon marché et efficace, l’anglais y est omniprésent, et le niveau de vie y est très élevé.
Malgré la chaleur et l’humidité, j’ai su que j’aimais Singapour dès l’instant où je suis sorti du métro dans le quartier des affaires. Contrairement à Hong Kong, l’ambiance m’a immédiatement rappelé New York ou Chicago. Les immeubles du centre sont modernes et harmonieux, les bâtiments de l’époque coloniale sont beaux et colorés. Et il se dégage une atmosphère dynamique dans les quartiers centraux (quartier d’affaires et Chinatown).
Certes, les sites principaux, dont la cascade de l’aéroport, les Gardens by the bay (avec leurs sculptures géantes en forme d’arbres) et le fameux hôtel Marina Bay Sands m’ont laissé une impression d’inauthenticité rappelant Dubaï. J’ai eu l’impression qu’ils avaient été construits dans l’unique but de créer des ‘incontournables’ touristiques, à l’instar des palmiers-îles de Dubaï. Des sites magnifiques pour Instagram et les brochures touristiques mais qui manquent cruellement d’âme et d’histoire.
Ce ne sont finalement pas ces sites qui ont retenu mon attention mais l’atmosphère de la ville, son architecture et son dynamisme. Malgré la chaleur humide et étouffante, j’ai aimé me balader dans les rues de Singapour. Une petite cité-État qui donne la sensation d’être un lieu de rencontres de populations venant du monde entier.
Mais justement, Singapour reste bien un lieu d’escale. La population singapourienne est tellement fragmentée en communautés différentes qu’elle donne l’impression qu’il n’y a pas d’unité et que tous ces gens se croisent un peu par hasard, comme si la cité-État n’était rien d’autre qu’un gigantesque hall d’aéroport. Comme dans un aéroport, l’anglais y fait office de lingua franca mais ce n’est pas la langue naturelle de la majorité de la population. Comme dans un aéroport, tout y est propre, tout le monde marche en ordre, tout est un peu aseptisé.
Il faut dire que Singapour est une utopie sociale ou un cauchemar communautaire, selon où l’on se place sur le spectre politique. La cité-État est fière de son multiculturalisme (sa constitution parle même de multiracialisme) et chaque communauté est invitée à suivre ses propres fêtes, traditions et façons de vivre. Le substrat commun est réduit au minimum : permettre à l’autre de vivre aussi selon ses propres traditions.
Cela permet-il de créer une société unique, qui fait sens ? Ou Singapour n’est-elle qu’un agrégat de quartiers communautaires, qui offre un dépaysement garanti lorsqu’on passe de l’ancien quartier anglais à Chinatown puis Little India, etc. ?
Je n’ai pas pu me défaire de cette impression qu’on ne faisait que se croiser à Singapour, qu’il ne s’agissait que d’un lieu de passage où les hommes d’affaires espèrent faire fortune et les plus mal lotis viennent fuir la misère de leur pays d’origine. Pire, les communautés sont mises au centre et les individus à l’arrière-plan. Qu’on ne s’y trompe pas, le multiracialisme singapourien ne prône pas le ‘venez comme vous êtes’, mais davantage le ‘vivez comme votre communauté’.
Derrière la façade policée d’une cité-État riche et moderne, Singapour est un État autoritaire qui réprime violemment de nombreuses libertés individuelles. Au nom de la paix sociale entre les communautés, l’individu est passible de coups de canne et de peine de mort. De la même façon, à l’instar des Émirats arabes unis, un tiers de la population singapourienne n’est ni citoyenne ni résidente permanente, avec tous les potentiels abus et exploitation que cette situation peut représenter pour les travailleurs les plus pauvres.
L’égalitarisme n’est pas une utopie singapourienne. Et une rapide visite de quelques quartiers permet de voir à quel point les inégalités sociales sont grandes sur un territoire pourtant si petit ! Mais quand on y réfléchit bien, quoi de plus naturel ? Dans un aéroport aussi, les travailleurs exploités croisent parfois les voyageurs qui sirotent leur coupe de champagne dans un salon VIP… Et tant que chacun reste avec les siens, la paix sociale (et le système économique) est protégée…
Malgré tout cela, j’ai aimé ces quelques jours à Singapour. J’ai aimé la beauté, la diversité et le dynamisme de la cité-État. Mais, comme pour toute escale, en partant, j’avais un peu hâte de découvrir le pays suivant, qui était dans mon esprit la vraie destination, et non un simple arrêt sur la route…
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