THE HAIRY GIRAFFE… AUX PAYS BALTES

Après une semaine aux pays baltes, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de Benjamin

Je me souviens de la première fois dont j’ai entendu parler des pays baltes. C’était au sujet de leur adhésion à l’Union européenne. Je découvrais alors sur une carte la localisation de ces trois petits pays, qui me semblaient plus proches de la Russie que de la France.

Et en effet, leur Histoire récente les a reliés, bien malgré eux, à l’URSS pendant de longues années. Les trois pays gardent des traces – et très certainement des blessures aussi – de cette occupation. Ils gardent également des stigmates du passage des Nazis, quelques années auparavant.

Visiter les pays baltes, c’est se confronter à une Histoire récente d’une rare violence. Cette violence est là, devant nous. Elle se matérialise dans des salles de torture à l’inventivité inhumaine. Sur des murs criblés de balles, au fond d’une cour, à l’abri des regards extérieurs. Dans un mémorial qui surgit au milieu de la forêt, dernier témoin d’un camp d’extermination. 

Visiter les pays baltes, c’est accepter de regarder l’Histoire en face. Certaines visites sont éprouvantes. Mais elles participent admirablement du devoir de mémoire. Comprendre les terribles exactions des deux grands totalitarismes du XX° siècle qui ont eu lieu en Europe, si proche de chez nous. 

Parce que oui, les villes des pays baltes rappellent les racines européennes à chaque détour. Les châteaux peuvent évoquer Versailles. Et les bâtiments Art nouveau ou les églises gothiques illustrent les liens forts avec le reste de l’Europe. 

Vus depuis la France, ces trois petits pays forment un tout homogène. On visite rarement l’Estonie ou la Lituanie ; on voyage aux pays baltes. Comme si on visitait le Maghreb et non pas le Maroc ou la Tunisie. Ou l’Asie du Sud-Est, et non pas la Thaïlande ou la Birmanie. 

Pourtant, ces trois petits États ont bien chacun leurs spécificités, culturelles et historiques. Les trois pays ne partagent pas la même langue, et les trois langues n’ont pas les mêmes racines (l’estonien est une langue finno-ougrienne alors que le letton et le lituanien sont des langues indo-européennes). La Lituanie est catholique alors que les deux autres pays ont une tradition luthérienne et orthodoxe. Et la cuisine de chaque pays a évidemment ses propres spécificités.  

Cette diversité est évidente lorsqu’on visite les trois capitales. Chacune a un profil et un caractère très différents des deux autres. Mon coup de cœur va à Tallinn, une jolie petite ville à taille humaine. Un de ces endroits où l’on se sent bien, où l’on a immédiatement envie de s’installer. Où l’on se surprend à regarder le prix de l’immobilier, comme si on envisageait d’y louer un petit studio, pour commencer, avant de voir plus grand.

Et puis, quelqu’un nous parle en estonien, on se rend compte qu’il fait déjà très froid début octobre, et on abandonne l’idée. Mais le sentiment de s’y sentir bien demeure.

À l’inverse, Riga m’est apparue être une métropole. Une vraie capitale, qui a traversé les époques, où noblesse et bourgeoisie ont construit de magnifiques bâtiments qui ont survécu au temps. J’ai visité Riga comme j’ai visité Budapest, Séville ou Varsovie. Comme une grande ville européenne à l’Histoire riche et aux centres d’intérêt variés. 

Enfin, Vilnius m’a semblé être un compromis entre la compacité de Tallinn et la grandeur de Riga. Et comme souvent, mieux vaut un choix clair plutôt qu’un compromis… J’ai trouvé moins de charme à Vilnius qu’à Tallinn et moins de dynamisme et de beauté qu’à Riga. Mais peut-être aussi la comparaison entre les trois villes, visitées en neuf jours à peine, a-t-elle renforcé ma déception.   

En réalité, un voyage aux pays baltes ne se limite pas forcément aux trois capitales. Il y a des merveilles entre ces trois villes. Les territoires ont beau être compacts, parcourir les routes entre Tallinn, Riga et Vilnius, c’est découvrir de bien jolies choses. Déjà, en y étant en octobre, nous avons profité des couleurs automnales, qui nous ont rappelé le Québec. 

Ensuite, entre les trois capitales, on trouve des châteaux, des stations balnéaires et des sites historiques uniques (la Colline des Croix, en Lituanie a eu un effet magnétique sur moi, la bruine ajoutant au mysticisme de l’endroit). On y trouve aussi une modernité qu’on a tendance à ignorer, lorsqu’on regarde ces pays depuis l’autre bout de l’Europe. 

L’époque de l’URSS est bien loin. Les pays baltes se sont modernisés à une vitesse folle et on y trouve désormais tout le confort et le niveau de développement des pays de l’Europe de l’Ouest (et, malheureusement, de plus en plus le même niveau de prix). 

Ce sont ces contrastes qui m’ont certainement le plus marqué dans ce voyage. Les couleurs des forêts et des vieilles villes, la paisible modernité des habitants et des services, et les stigmates des horreurs perpétrées dans ces pays au nom d’idéologies mortifères. En visitant les pays baltes, je me suis rendu compte non seulement de la chance de pouvoir admirer des lieux qui ont survécu tant bien que mal à tant de haine et de drames, mais aussi de la chance de vivre aujourd’hui, après la disparition de ces totalitarismes. 

En témoignant de l’ascension et du règne du nazisme et de l’occupation soviétique, et situés dans l’OTAN et entre l’Europe et la Russie, les pays baltes nous permettent aussi de mieux comprendre une chose : la paix dans laquelle nous vivons n’est jamais assurée et notre situation est peut-être plus fragile que nous ne l’imaginons. 

Retrouvez le bilan de François :

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