THE HAIRY GIRAFFE… AUX PAYS BALTES
Après une semaine aux pays baltes, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.
Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches. |
Le bilan de François
Nous nous sommes retrouvés un peu par hasard aux pays baltes. Nous cherchions un endroit frais pour passer une semaine de vacances en octobre et souhaitions ne pas partir trop loin comme c’est souvent le cas pour des voyages courts. Puisque nous aimons tous les deux les pays nordiques et l’Europe de l’Est, les pays baltes nous paraissaient une excellente destination qui cochait toutes les cases. De plus, la petite taille des pays nous permettait de faire un nouveau road trip. De quoi passer une semaine plus que sympa.
Tallinn, beauté de l’Estonie
En arrivant en Estonie, je me souviens très bien d’avoir eu l’impression d’avoir atterri au Québec. Je sais qu’ à première vue Tallinn et Montréal n’ont pas beaucoup de choses en commun. Il n’empêche que, en parcourant les rues de la capitale estonienne, j’ai eu l’impression de me balader dans une petite ville du Québec notamment grâce aux odeurs automnales. Je garde de Tallinn un souvenir bien précis de l’automne qui ressemble à ceux que j’ai de mes automnes au Québec : des arbres colorés partout dans la ville et des enfants qui jouent dans les tas de feuilles. Ce qui caractérise aussi ce souvenir, c’est cette odeur d’automne, un mélange d’écorces et de feuilles humides, accentuée par l’air frais qui titille mes capteurs olfactifs et me plonge en pleine nostalgie. Ça peut paraître bizarre dit comme ça, mais tous ceux qui se seront promenés en forêt un matin d’automne un peu frisquet sauront exactement de quelle odeur je parle. Cette odeur étant omniprésente dans tout Tallinn, il m’est, encore aujourd’hui, impossible de la dissocier de la ville.
Tallinn n’est pas qu’une odeur automnale. C’est une ville calme, paisible et colorée. Le centre-ville de Tallinn n’a évidemment rien à voir avec le centre-ville d’une grande capitale internationale. Les belvédères permettent d’avoir une vue d’ensemble sur cette ville à taille humaine. Les maisons aux couleurs pastel et les nombreux clochers apportent un réel cachet. Les habitants font aussi preuve d’une grande gentillesse et d’une chaleur humaine incontestable. Cette ville a tellement soufflé sur moi un vent de sérénité que, sur le coup, je me serais bien vu rester, là, à Tallinn, apprendre l’estonien (ce qui est loin d’être gagné) et jouer dans la neige en hiver. Toutefois, après réflexion, la vie à Tallinn serait sans doute trop calme sur le long terme et je pense que Benjamin n’est pas (encore) prêt à retourner vivre dans un pays froid aux hivers longs, rudes et remplis de glace.
Un bond dans le temps en Lettonie
Je garde le souvenir d’une Lettonie riche en patrimoine historique. Que ce soit des châteaux médiévaux ou du XVIIIe siècle, d’un ancien siège du KGB ou des traces du ghetto, elle fait immanquablement voyager ses touristes. On sent que le pays a une histoire, qu’il en est fier et qu’il souhaite la faire découvrir au monde. De plus, certains vestiges de cette histoire, donnent l’impression d’être de réels stigmates préservés afin que le peuple letton n’oublie pas son passé.
Un des vestiges de ce passé troublé qui m’a le plus marqué est sans doute l’invasion soviétique de 1940. Si j’avais déjà été plongé dans le nazisme et l’horreur de l’Holocauste lors d’un précédent voyage en Pologne et notamment à Auschwitz, je découvrais pour la première fois le côté obscur de l’URSS en visitant le QG du KGB de Riga. J’avoue avoir très peu de souvenirs du KGB. Certes, je n’étais pas très vieux lors de la dissolution de l’URSS, mais je crois que ce n’est pas seulement une question d’âge. Durant mon enfance au Québec, je n’ai pas souvenir qu’on m’ait parlé de Staline et de tout ce qui a conduit à la création (et à la dissolution) de l’URSS. À l’école, du moins à l’époque, on ne nous parlait que très brièvement de l’Histoire contemporaine mondiale. Cela était fait, à la va-vite, à la fin d’un programme scolaire qui avait débuté en septembre par la préhistoire… On nous parlait à nouveau d’Histoire deux ans plus tard, mais cette fois, l’accent était mis sur le Québec et le Canada. De tout ce qui s’était passé ailleurs sur la planète, le petit Québécois que j’étais en savait bien peu de choses. C’est donc avec une ignorance conséquente (mais pas totale: j’avais quand même déjà visionné la première saison de The Americans) que j’ai entrepris cette visite.
Le choc a été saisissant. Aux salles d’interrogatoire en passant par les cellules, tout était fait pour briser l’autre. Tout était pensé pour l’isoler, l’humilier, casser sa volonté et sa psyché, l’amener à avouer des actes qu’il n’avait parfois même pas commis. Face à l’immensité du pouvoir soviétique, il y avait de quoi trembler. C’était impressionnant voire effrayant de constater à quel point l’URSS était partout et s’immisçait dans les différentes strates de la société lettone afin d’étendre et d’assurer son contrôle sur celle-ci. La visite s’est aussi déroulée avec un guide local dont une partie de la famille avait été enlevée et torturée dans les pièces que nous visitions. Les souvenirs qu’il partageait avec nous d’une manière si transparente rendaient les gestes commis par les agents du KGB encore plus horribles et monstrueux. Cette visite s’est terminée dans la pièce où se déroulaient les exécutions. La vision de centaines de trous de balles qui percent les murs n’a laissé personne indifférent et est sans doute restée gravée dans notre mémoire à tous.
Que dire d’autres ?
Le voyage nous a aussi emmenés sur les routes de Lituanie, à mon avis, le pays le moins intéressant des trois. Le charme qui avait opéré en Estonie n’était plus présent. Les routes lituaniennes n’avaient rien de particulier et donnaient l’impression de rouler dans n’importe quelle campagne française. Les arbres colorés avaient disparu. Les quelques âmes rencontrées sur la route vers Vilnius, bien qu’adorables, semblaient porter sur leurs épaules tout le malheur du monde. Le temps gris et maussade qui nous a accompagnés sur tout le trajet n’aidait en rien ce sentiment de morosité et de tristesse. Autant j’avais été séduit par l’histoire et la beauté qui imprégnaient les rues de Riga, autant j’ai été déçu en découvrant Vilnius. La cathédrale, le parc qui l’entoure, la rivière qui traverse la ville ainsi que certains immeubles de la vieille ville notamment sont jolis et donnent indéniablement du cachet à la ville. Malgré tout, j’ai trouvé Vilnius petite (alors que c’est la plus grande des trois capitales), vide (c’est effectivement la moins densément peuplée) et sans grand intérêt. Elle n’a pas réussi à me séduire autant que ses consoeurs l’ont fait. Il est évident que je dois être passé à côté de quelque chose en visitant la ville et que je ne l’ai sans doute pas comprise puisqu’elle attire son lot de touristes et que ceux que nous y avons vus semblaient s’y plaire.
Les pays baltes, ça vaut la peine d’y aller ?
Les pays baltes étaient sans conteste une excellente découverte de voyage. Si vous cherchez des destinations calmes, sécuritaires, pas très loin de la France et qui ne sont pas encore (trop) envahies de touristes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont sans doute d’excellents choix. Si l’Estonie reste mon coup de cœur avec ses décors aux allures de forêts québécoises, la Lettonie (et notamment la ville de Riga) vaut également le détour. Même si la Lituanie m’a fait vivre moins d’émotions, elle possède quelques points d’intérêt et permet de clore le voyage.
Si, comme nous, vous avez envie de découvrir cette partie de l’Europe, je ne pourrais que vous conseiller de le faire en road trip comme nous l’avons fait. La petite taille des pays, leur proximité et la qualité des routes en font une destination parfaite pour ce genre de voyage. Sans compter que les routes sont sûres et que tout est bien indiqué afin d’éviter qu’un conducteur ne se perde en chemin. Il n’y a aucune douane à traverser (merci Schengen!) et les compagnies de location de voitures ont l’habitude qu’on dépose leurs véhicules deux pays plus loin. De plus, une voiture vous donnera la possibilité de faire la route à votre rythme: aucun horaire à respecter, aucune pression de qui que ce soit. Avec une voiture, vous aurez aussi la liberté de vous arrêter où vous le souhaitez et ainsi découvrir autres choses que les trois capitales comme la station balnéaire de Pärnu en Estonie, le château de Turaida en Lettonie ou la Colline des Croix en Lituanie. Ne serait-ce que pour leurs paysages, leur histoire et la chaleur de leurs habitants, ces pays présentent un réel intérêt touristique.
Retrouvez le bilan de Benjamin :
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