THE HAIRY GIRAFFE… AU CANADA

Après deux semaines au Canada, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de François

Benjamin, l’enfant, rêvait de devenir paléontologue. Benjamin, l’adulte, est un grand fan du film Jurassic Park de 1993 et de dinosaures. Nous habitions encore à Montréal lorsqu’une de ces collègues lui a dit aller régulièrement excaver le dinosaure dans l’Ouest canadien. Il n’a pas fallu bien longtemps pour que nous nous retrouvions, nous aussi, à genoux dans la poussière et le sable des badlands, outils à la main, à chercher les fossiles.

Le Dinosaur Provincial Park

Vivre la vie d’un paléontologue le temps de quelques jours est une aventure assez particulière. Dormir dans des mobiles homes, manger de la bonne vieille nourriture américaine et partir avec sa casquette et son t-shirt Jurassic Park arpenter les badlands en compagnie d’un vrai paléontologue, c’est vraiment excitant.

En fait, je crois que deux choses rendent la chose aussi excitante. La première, c’est le paysage lunaire qui nous entoure. Des butes, des crevasses, le sol craquelé, la terre ocre et les cactus tout alentour donnent l’impression d’être atterris sur une nouvelle planète. Bien que le paysage soit magnifique, j’avoue avoir du mal à m’imaginer que, il y a 75 millions d’années de cela, une immense plaine littorale bordait une mer à l’endroit exact où nous nous trouvons.

J’ai encore plus de difficulté à voir cet endroit rempli de dinosaures qui se baladent fièrement. Le décor ressemble davantage à une quelconque planète hostile de Star Wars qu’à Isla Nublar de Jurassic Park. Je m’attends en effet davantage à voir surgir un Jawa de derrière un rocher qu’un dinosaure. Toutefois, le vrai spécialiste qui nous accompagne remet rapidement la paléontologie au cœur de l’aventure.

Et c’est là que cette deuxième chose qui rend cette aventure incroyable entre en jeu. Avec l’aide de notre guide, je finis par apercevoir cette empreinte de pas fossilisée dans la paroi rocheuse devant nous. Une trace immense, bien plus grande que toutes celles que j’ai pu voir dans ma vie. Pendant que l’image de l’empreinte est en train de s’acheminer dans mon cerveau à la recherche d’un animal que je connais qui aurait pu laisser ce genre de trace, le guide se penche et ramasse une poignée de terre.

Je le vois qui trie le contenu de sa main et qui extrait entre son pouce et son index une espèce de tige courte et dure. Du ton le plus banal qui soit, il nous dit qu’il s’agit d’un tendon fossilisé. A ce moment, un déclic se fait dans ma tête. L’immense empreinte sur la roche, le tendon fossilisé : les dinosaures ont vraiment existé. Ce n’est pas que j’en ai déjà douté, mais, j’avoue que de finalement voir de mes propres yeux (et même pouvoir toucher) des preuves de leur passage sur Terre m’a donné un choc.

Ce tendon n’était en fait que la pointe de l’iceberg. En nous penchant et en grattant un peu le sol du bout des doigts, nous nous sommes rendus comptes que nous étions entourés de fossiles. Tendons, éclats d’os, vertèbres, plaques de carapaces, il y en avait partout. En fait, nous marchions dessus depuis plusieurs minutes sans le savoir. Certains étaient pourtant bien visibles comme s’ils avaient été posés pour qu’on les admire. Devant ce constat, l’excitation est montée en flèche : je voulais moi aussi chercher des fossiles encore enfouis.

À genoux dans la terre avec un pinceau et un petit marteau à frapper la roche et à débarrasser délicatement les gravas pourrait sembler relativement ennuyant. Au contraire, armé de mes outils, j’ai l’impression d’être Indiana Jones (il n’est pas paléontologue, je sais…) en train de chercher un trésor. Retirer un gros fragment de roche et découvrir qu’un os plus long que mon bras se cache en dessous est une surprise incroyable.

Suivre cet os en s’appliquant à le nettoyer et à le dégager avec une minutie et une délicatesse extrêmes tout en me disant que je suis le premier humain à voir ce fossile, que c’est le mien, c’est moi qui l’ai trouvé, c’est une expérience sans nom. Le meilleur souvenir que je garde de cette incursion dans le monde de la paléontologie est clairement le moment où, en balayant un tas de poussière pour dégager « mon » os, je suis tombé sur une dent de carnivore. L’expérience a été d’autant plus mémorable que notre guide s’est intéressé pour la première fois à une de nos découvertes.

En effet, nous avions beau avoir trouvé plusieurs types d’os, il n’avait jamais vraiment réagi. Il faut dire qu’il y en avait déjà tellement autour de nous. Il m’a fait remplir une fiche de fouille sur laquelle j’ai notamment indiqué la nature du spécimen trouvé et le site de découverte en me disant que ma dent irait rejoindre les collections du Royal Tyrrell Museum, le musée de paléontologie de l’Alberta. J’étais trop fier !

Que dire d’autres ?

L’Alberta, c’est aussi les Prairies canadiennes : des terres agricoles à perte de vue. Traverser l’Alberta en voiture, c’est traverser des champs ponctués d’éoliennes et de foreuses à pétrole. Ça peut être long et répétitif. Cette répétitivité (et ces grands espaces) apporte toutefois une certaine sérénité. Vous avez également de bonnes chances d’apercevoir des oiseaux de proie perchés un peu partout à l’affût d’une proie. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir autant de rapaces dans leur habitat naturel.

L’Alberta, c’est aussi le monde des cowboys. Bien que nous ne soyons pas passés à Calgary durant le Stampede, nous avons profité de notre passage au West Edmonton Mall (le plus grand centre commercial du Canada) pour visiter quelques boutiques de vêtements et d’accessoires pour cowboys. Nous avons même poussé l’expérience plus loin en allant tirer quelques balles dans un stand de tir.

Une première (et une dernière) fois avec une arme à la main. Cette culture américano-canadienne anglophone de la country, des cowboys et des armes est très loin de ma culture québécoise. Je ne trouve vraiment rien d’excitant à l’idée d’avoir une arme et de tirer une cible. Je ne me sens ni plus mâle, ni plus viril, ni plus puissant, ni plus fort, ni plus confiant. Au contraire, c’est lourd, c’est bruyant et c’est dangereux.

Les puristes diront que le Québec a aussi ses clubs de tir, ses chanteurs country et son festival western, d’accord. Cependant, rien de tout ça n’égal la ferveur des Albertains pour le western. J’ai eu l’impression que le western et les bottes à éperons coulaient dans leurs veines un peu comme la poutine coule dans les nôtres (drôle d’image, je sais, mais vous voyez l’idée)…

Les feux de forêts qui ont souvent lieu durant l’été ont eu raison de notre itinéraire initial. Si nous avions prévu débuter le voyage par Calgary et le Dinosaur Provincial Park pour ensuite nous diriger vers les Rocheuses afin d’y voir Lake Louise et Banff, nous avons dû revoir notre programme afin de fuir les fumées. Nous sommes partis vers le nord en direction des Territoires du Nord-Ouest.

Comme tout bon Canadien, j’avais entendu parler des Territoires du Nord-Ouest dans mes cours de géographie, mais pour moi, Québécois, ils étaient si loin. Forcément, vue de l’Alberta, la chose est bien différente. L’idée de passer le 60e parallèle nord me plaisait beaucoup et de finalement aller à la rencontre de lieux qui me semblaient mythiques comme Yellowknife et le Grand Lac des Esclaves.

La route est longue mais permet de passer par Edmonton et plusieurs petites villes et endroits typiques (Athabasca, le Petit Lac des Esclaves, High Level, Hay River…). Entrer dans les Territoires du Nord-Ouest, c’est aussi entrer en territoire autochtone et se plonger dans cette culture. Les inukshuks (amas de pierre de forme humaine érigés par les Inuits pour se repérer ou marquer un endroit particulier), les panneaux de circulation en langue des Premières Nations que nous croisons et les employés du Tim Hortons au faciès typé nous rappellent que nous sommes en terres autochtones.

Pour moi qui adore cette culture, je suis aux anges. Les Territoires du Nord-Ouest, c’est aussi le Parc national Wood Buffalo et son impressionnante colonie de bisons. Devoir arrêter la voiture parce que plus d’une quarantaine de bisons ont décidé d’utiliser la route asphaltée pour se déplacer, check !

L’Alberta, ça vaut la peine d’y aller ?

Si vous souhaitez vivre des expériences variées, l’Alberta est toute désignée. Vous pourrez y visiter Calgary, petite et mignonne, avant d’aller vous perdre une journée entière au West Edmonton Mall et vous plongez ainsi en pleine culture nord-américaine. Si la route ne vous fait pas peur, osez faire différent et partez vers le nord et non vers l’ouest.

Partez à la découverte des Territoires du Nord-Ouest et initiez-vous à cette culture autochtone, à ces grands espaces et à cette faune sauvage. En vrai, ce road trip dans l’Ouest canadien reste une des plus belles découvertes de voyage que j’ai faites jusqu’à présent.

Retrouvez le bilan de Benjamin :

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