THE HAIRY GIRAFFE… EN BOLIVIE

Après deux semaines en Bolivie, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de Benjamin

La Bolivie a été le dernier pays de notre voyage de 8 mois autour du monde (à l’exception d’une escale de 2 jours à Bogota). Après avoir découvert le désert d’Atacama, le Sud Lípez et le salar d’Uyuni semblaient une extension naturelle. Et puis, quitte à être là, autant en profiter pour voir quelques villes (Potosi, Sucre, La Paz) et le fameux lac Titicaca. Nous avons rapidement exclu un détour par l’Amazonie, ayant déjà été au Brésil l’année précédente. 

François semblait excité à l’idée de passer ces deux semaines en Bolivie. J’avais pour ma part beaucoup de réserves. J’avais beau avoir passé beaucoup de temps sur des blogs et des sites de voyage, rien ne m’attirait vraiment dans ce pays, mis à part l’extrême sud (Sud Lípez et salar d’Uyuni). Après deux semaines, mon avis n’a malheureusement guère changé… 

Depuis San Pedro de Atacama, nous avons découvert le Sud Lípez pendant trois jours. Quelle claque nous avons prise ! De toute évidence, nous y avons trouvé (notamment le premier jour), des paysages parmi les plus beaux du monde. Des journées qui m’ont rappelé de la façon la plus évidente pourquoi j’aime autant voyager. Une sensation unique d’être face à ce que la Nature fait de plus incroyable. Des paysages d’une démesure et d’une beauté presque divines devant lesquels on se sent la plus insignifiante créature mais d’où l’on ressort comme grandi de s’y être confronté. Ce même sentiment que j’ai ressenti la première fois que j’ai vu Tree of Life au cinéma, un sentiment qui ne cesse de me questionner sur ma place dans un univers infini qui dépasse mon entendement. 

Si le Sud Lípez est le lieu de tous les superlatifs, le reste du pays n’offre absolument pas la même expérience. Et pourtant, le tour de 3 jours se fait dans des conditions parfois inconfortables, et je ne suis, de façon générale, pas un grand fan des tours organisés. Mais, en toute sincérité, la Bolivie restera comme un des pays qui m’auront le moins plu. Je m’y suis tout simplement ennuyé. 

Oui, les paysages andins sont très beaux mais les villes sont pour la plupart sans intérêt architectural, la pollution des voitures est omniprésente, l’hygiène alimentaire est souvent déplorable, la plupart des Boliviens ont un visage fermé et ne sont guère accueillants, on passe son temps à se faire arnaquer (jamais rien de bien méchant mais, à la longue, c’est usant), le moindre trajet en bus est une aventure dangereuse (au vu de la vétusté des bus, de l’absence de ceintures, du manque de pauses et de la conduite irresponsable des conducteurs)… bref, voyager en Bolivie ne m’a guère apporté de plaisir et j’ai trouvé l’expérience globalement pénible. 

Je veux bien passer outre un certain inconfort, des habitants peu aimables ou une hygiène défaillante si c’est pour vivre une expérience hors du commun ou voir de la faune ou de la flore incroyables. Mais, à l’exception encore une fois du Sud Lípez, rien ne m’a semblé exceptionnel en Bolivie. Alors oui, la ville de Potosi est mignonne, mais on en fait le tour en moins d’une heure. Oui, le centre-ville de Sucre est très beau, mais encore une fois, il n’y a pas de quoi remplir une semaine entière ! Oui, le lac Titicaca est joli mais la moindre ville balnéaire sur la côte méditerranéenne ou le moindre lac canadien sont tout aussi beaux. La Paz, en revanche, n’est ni jolie ni calme ni propre et n’invite pas à y rester.

On me trouvera peut-être blasé. Évidemment que je compare avec mes autres voyages. Mais les touristes ont généralement le choix de leur destination. Et il existe tellement d’autres pays qui sont bien plus excitants, plus beaux ou juste plus accueillants (à commencer par exemple par le Pérou voisin, dont les sites archéologiques apportent une dimension incomparable) que je mettrais la Bolivie assez bas dans ma liste des pays à visiter. 

Est-ce que je regrette pour autant d’être allé en Bolivie ? Bien sûr, tout voyage apporte son lot de surprises et d’enseignements. Pour ce voyage autour du monde, je souhaitais un itinéraire qui nous permettrait de toucher du doigt la diversité du monde. Et voyager en Bolivie contraste tellement avec le Japon, la Chine ou les Émirats arabes unis, que ces deux semaines ont contribué à enrichir ma vision du monde. La Bolivie confirme aussi qu’on peut être un pays pauvre, avec certaines villes très pauvres même, et pourtant ne pas vivre au milieu des déchets. Un contraste frappant avec l’Inde

De façon plus anecdotique, j’ai été surpris par l’étrange rapport des Boliviens au papier toilette. En Bolivie, les toilettes publiques ne sont jamais gratuites (et peuvent d’ailleurs coûter très cher dans les parcs ou à la frontière avec le Chili…). Lorsque vous payez, on vous donne 3 feuilles de papier, comme s’il s’agissait de feuilles d’or… Et il n’est pas rare de voir des rouleaux de papier toilette vendus à l’unité sur les marchés. Certaines boutiques ne vendent d’ailleurs que du papier toilette ! Et beaucoup de Boliviens gardent toujours un rouleau dans leur voiture, exposé bien en évidence derrière le pare-brise. On est très loin du rapport très pudique et hygiénique que les Japonais ont avec les toilettes… 

Finalement, terminer ce tour du monde par la Bolivie est une bonne chose : cela rend le retour moins difficile. Il y a fort à parier que j’aurais été beaucoup plus triste de quitter Hawaï ou New York que la Bolivie… Après 8 mois de voyage assez intenses, il est épuisant de payer des prix plus élevés seulement parce que vous êtes étranger (et donc riche aux yeux de la vendeuse qui fixe arbitrairement ses tarifs). Épuisant de payer des taxes à chaque terminal de bus pour que le bus, parti vide du terminal, s’arrête 1km plus loin et fasse monter 50 personnes qui contournent ainsi la taxe et retardent le depart d’une grosse heure. Épuisant de devoir faire constamment attention à ce qu’on mange (et finir malgré tout, comme François, avec une violente intoxication alimentaire). Épuisant de relire les blogs voyage qui décrivent les villes boliviennes comme des petits bijoux exceptionnels et de ne pas partager leur enthousiasme (quand les 80% des bâtiments d’une ville sont tagués, non enduits et non peints, difficile pour moi de les trouver beaux). Épuisant de se retrouver devant son hôtel, réservé depuis des mois, et d’apprendre qu’il est fermé en raison d’un blocus routier national qui s’est terminé quatre jours plus tôt.

Si c’était à refaire, je me demande si la meilleure solution ne serait pas tout simplement de repartir à San Pedro de Atacama ou de faire le long trajet Uyuni-La Paz pour quitter le pays après en avoir vu la seule partie qui vaut vraiment le voyage : le Sud Lípez. Quand on part en voyage, le temps et l’argent sont des ressources précieuses et souvent trop rares. Et les 10 ou 15 jours ainsi gagnés peuvent très certainement être mieux utilisés qu’à parcourir les routes boliviennes, à moins peut-être d’être un amoureux inconditionnel de l’Amérique latine. Mais c’est vrai que ce mois au Chili et en Bolivie ont confirmé une chose : mon cœur penche davantage pour l’Asie. C’est aussi ça, voyager : en apprendre davantage sur soi, au travers de ses coups de cœur et de ses déceptions. 

Retrouvez le bilan de François :

Et retrouvez tous nos autres articles sur la Bolivie :