THE HAIRY GIRAFFE… AU JAPON

Après trois semaines au Japon, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de François

Inscrire le Japon à l’itinéraire de notre tour du monde était mon souhait. C’était impossible pour moi de passer dans le coin sans m’y arrêter. C’était aussi une pause de modernité et de repos (on ne s’y sera finalement pas tant reposé que ça) assurée. C’était aussi la carotte qui m’a permis de passer à travers notre séjour en Inde, moment le plus difficile pour moi de ce tour du monde. Pour Benjamin, le Japon, c’était du déjà vu. Il a en effet visité le pays il y a quelques années de ça et n’en avait pas gardé un souvenir exceptionnel. Malgré tout, en super mari qu’il est, il a accepté de faire du Japon la huitième destination de notre tour du monde. Il faut dire que cette fois, ce serait différent. Il avait à ses côtés un vrai fan de jeux vidéo, un enfant de Nintendo ! 

Je suis né la même année que Mario. J’ai grandi en jouant aux jeux vidéo de Nintendo. J’ai toujours une photo de moi prise début 90, assis sur mon grand-père, en train de déballer ma console NES. Celle par laquelle tout a commencé. J’en ai passé des heures à jouer seul à Mario pour tenter de sauver la princesse Peach enlevée par le méchant Bowser. (Je n’y suis d’ailleurs arrivé que des années plus tard). J’ai aussi passé beaucoup de temps à jouer à The Legend of Zelda, cette fameuse cartouche dorée, sans rien comprendre, car je ne parlais pas un mot d’anglais.

Vous ne le savez sans doute pas, mais, moi, j’ai connu la guerre et j’y ai même participé activement. Et pas n’importe quelle guerre. THE guerre. Celle qui a bouleversé et marqué à jamais toute une génération d’enfants à travers la planète et notamment en Occident. L’ampleur du conflit était tellement importante que chaque enfant a dû prendre position. Même si certains (peu) restaient neutres et ne se sentaient pas concernés, nous avons tous, du haut de notre dizaine d’années, usé de nos charmes et de notre influence auprès de nos parents pour obtenir les armes nécessaires pour entrer dans la mêlée, car mêlées il y a eu. Dans les cours d’école notamment. Nous avons aussi, bien entendu, connu notre lot de transfuges qui passaient d’un camp à l’autre. Nous les voyions comme des privilégiés plutôt que comme des ennemis à abattre. Le pire, c’est que pour une majorité d’entre vous, ce conflit qui a duré une dizaine d’années, vous est complètement passé sous le nez. Vous n’aurez jamais connu la joie que cela procurait de répondre avec ferveur à la fameuse question : tu as quoi chez toi ? Une Super Nintendo ou une Sega Genesis (en Amérique ou Mega Drive pour le reste du monde) ? Chaque camp avait sa mascotte. Mario, le plombier moustachu italien, pour team Nintendo. Sonic, le hérisson bleu supersonique, pour team Sega. 

Pour ma part, je suis toujours resté fidèle à Nintendo. Malgré quelques écarts de conduite où j’allais m’essayer à Sonic chez un voisin fervent de team Sega, seules les consoles Nintendo sont rentrées chez moi. Je n’ai pas non plus plié quand la vague PlayStation a déferlé sur le monde quelques années plus tard. Mes temps libres étaient passés en compagnie de Mario, Link, Yoshi, Kirby et Donkey Kong.

Pendant plus de 20 ans, ma tante, ma mère et ma grand-mère ont contribué à entretenir mon affection pour Nintendo en achetant anniversaire après anniversaire consoles et jeux vidéo. Maintenant, c’est une partie de mes revenus qui partent dans les coffres de la marque nipponne pour les mêmes raisons. Avec Mario et compagnie, je me suis changé les idées et défoulé. J’ai aussi développé mes réflexes, ma concentration et une dextérité non négligeable avec mes pouces. J’ai aussi peaufiné mon anglais. Il faut savoir que dans les années 90 et début 2000, la très grande majorité des jeux vidéos en Amérique sont en anglais. Pour venir à bout d’une aventure bourrée d’énigmes et de textes comme un Zelda, mon dictionnaire anglais-français était un allié non négligeable. 

Plus de trente ans après l’ouverture de cette première NES, mon intérêt pour les jeux vidéo ne s’est pas atténué. Bien que mon panel de consoles se soit diversifié (Sony a fini par entrer chez moi), je suis toujours aussi fan de Nintendo et de son univers. Je continue de jouer avec autant de plaisir aux jeux des licences qui ont bercé mon enfance. 

Et il n’y a pas que ça. Nintendo à réaliser, il y a quelques années, qu’il y avait de l’argent à faire avec ses licences et les décline maintenant en produits dérivés. Enfant, j’aurais donné n’importe quoi pour avoir des figurines et des peluches à l’effigie de Yoshi ou de Mario. Malheureusement, dans les années 90, cela n’existait pas. Par contre, ne vous en faites pas pour moi, j’ai su rattraper le temps perdu. 

Maintenant, dans un Nintendo Store, je suis comme un enfant dans un magasin de bonbons. Je m’excite devant le moindre objet étampé Nintendo et finis généralement par l’achete (au grand désespoir de Benjamin). Venir au Japon pour pouvoir plonger dans cet univers de jeu vidéo était un rêve que je chérissais depuis longtemps. C’est pour ça que je me suis autant amusé au Super Nintendo World. On m’a donné la chance durant deux jours d’entrer dans cet univers qui me plaît tant, de partir réellement à la conquête de clés virtuelles pour ramener la paix au Royaume Champignon. C’est pour ça aussi que j’ai l’air complètement extatique devant les bureaux de Nintendo à Kyoto. Pour beaucoup, ce n’est qu’un autre bâtiment gris comme tant d’autres au Japon. Cependant, pour moi, c’est comme toucher le Saint Graal, c’est l’aboutissement d’un rêve d’enfant.

OK, mais mis à part Nintendo, c’est comment le Japon ?

Même si nous avons passé beaucoup de temps dans les boutiques de jeux vidéo, nous avons aussi bien profité du Japon en lui-même. Nous nous sommes imprégnés de la culture en visitant un nombre incalculable de temples, en assistant à un entraînement de sumo, en nous plongeant dans le monde des ninjas et des samouraïs et en ingérant des kilos de nouilles.

J’ai beaucoup aimé mon passage au Japon, c’est indéniable. Toutefois, j’ai trouvé la société japonaise très terne. De par leur nature réservée, les Japonais me sont apparus comme un peuple triste. Jamais nous n’avons entendu des gens rires. Les seuls personnes que nous avons vu sourire étaient celles en lien avec le public avec qui il est obligatoire d’établir une relation commerciale. Dans les rues ou les transports, aucun de nos sourires ni regards sympathiques n’ont déclenché la même chose chez les Japonais que nous avons croisés. Après un mois en Chine où les sourires et les interactions avec les touristes occidentaux que nous sommes étaient courants, il faut avouer que ça fait bizarre. Le surtourisme présent dans tout le pays en est peut-être la cause. En effet, il a peut-être créé une aversion des Japonais envers les Occidentaux. Après tout, nous envahissons leurs sites religieux les rendant moins propices au recueillement. Nous remplissons leurs transports en commun les obligeant à faire de longs trajets debout ou à devoir attendre le prochain bus qui sera peut-être moins bondé. Nous débarquons avec notre culture diamétralement opposée à la leur.

À Tokyo, je m’attendais aussi à trouver des cheveux colorés et des tenues excentriques inspirées des mangas (c’est le pays du manga après tout) comme c’était le cas à Séoul. Mais non. Les couleurs colorées sont très rares, même chez les jeunes. Dans la société japonaise, il ne faut pas sortir du lot. Tout est dans le paraître et la pression sociale est incroyablement puissante. Il ne faut pas avoir honte et encore moins faire honte à sa famille. Cette façon de vivre est complètement opposée à celle dans laquelle j’ai grandi. En Amérique (et encore plus maintenant avec le wokisme), il est presque obligatoire de sortir du lot pour survivre.

Le Japon est aussi un pays très codé. Il y a une manière de prendre le bus. Il y en a une autre pour payer à une caisse. Il y a une manière de manger au restaurant, mais attention ce n’est pas la même si vous mangez des ramens ou des sushis. Il y a une manière de circuler dans un onsen. Bref, il y a plein de codes qui régissent le quotidien. Ceux-ci sont évidemment bien connus des Japonais et permettent un fonctionnement fluide du système social. Par contre, quand un touriste occidental arrive, sa méconnaissance des codes va rapidement faire dérailler l’engrenage. Tendre son argent directement à la caissière plutôt que de le déposer dans le petit plat prévu à cet effet fera buguer la machine. La caissière sera extrêmement mal à l’aise, s’excusera à ne plus finir et s’inclinera jusqu’à se faire une entorse lombaire pour ne pas perdre la face. 

Le meilleur exemple pour illustrer cela s’est produit lorsque nous avons envoyé nos colis de Tokyo. La douane japonaise demande à ce que nous déclarions la totalité du contenu des boîtes en indiquant, en plus du type d’objet envoyé, un code qui lui est propre et fourni par la poste. Jusque là, ça va. On a compris le code. La machine peut fonctionner sans problème. Dans cet envoi, se trouve une manette pour une console de jeu. Le seul problème, c’est que le logiciel de la poste ne répertorie que l’item cartouche de jeu. Le code manette (ou tout synonyme) n’existe pas. Là, la machine a bugué. C’est à cet instant précis que nous avons vu Erreur 404 apparaître dans le regard de l’employée. Cette dernière refusait l’envoi tant que le code pour l’item manette n’était pas indiqué. Nous avions beau lui dire que le code n’existait pas dans son système, ce n’était pas grave. Il fallait un code. Il y avait une case vide qu’il fallait obligatoirement remplir. Il fallait respecter le protocole. Face à une telle psychorigidité, nous n’avons pas eu d’autre choix que d’inventer un code. Le vide ayant été comblé, la machine pouvait se remettre en route.

Le Japon, ça vaut la peine d’y aller ?

Oui, définitivement. Même si, à mon avis, on sent clairement l’effet de mode causée notamment par des images surfaites du pays à cause d’influenceurs qui truquent leurs photos (pour rendre les cerisiers roses alors qu’ils sont blancs, pour effacer les gens sur des sites bondés, etc). Le pays a de jolies choses à offrir. Les cultures ancestrale (je pense aux samouraïs, daimyos, empereurs et autres) et moderne (jeux vidéo, mangas, kawaï) valent qu’on s’y intéressent et qu’on s’y plongent. Par contre, afin d’éviter tout faux-pas, mieux vaut s’imprégner des coutumes et façons de faire avant d’arriver et, une fois sur place, garder l’œil ouvert pour observer les comportements des Japonais. Sinon, vous avez intérêt à être doué en mécanique, car vous aller devoir réparer la machine.

Retrouvez le bilan de Benjamin :

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