LES HUMEURS DE LA GIRAFE

Il existe de nombreuses raisons qui poussent les gens à entreprendre un tour du monde ou un long voyage multi-pays (sans forcément faire un tour du monde à proprement parler). Quitter le confort de son quotidien et tout mettre en pause pendant 6 mois, un an ou plus exige d’être motivé et confiant dans son projet.

Un tel voyage a un coût et peut entraîner des conséquences sur notre carrière ou nos choix familiaux. C’est par exemple prendre le risque de repousser l’entrée dans la vie active ou passer à côté d’une promotion. C’est aussi prendre le risque de ne pas être là pour le mariage d’un ami ou pour soutenir des proches pendant des épreuves personnelles. C’est remettre à plus tard d’autres projets, l’achat d’une maison, avoir des enfants, etc. Des choix importants qu’il faut considérer sérieusement.

Tout cela entre en ligne de compte lorsqu’on commence à envisager un voyage au long cours. N’est-ce pas un projet terriblement égoïste ? Et puis, n’y a-t-il pas aussi un réel phénomène de mode ? À force de voir des blogs dédiés aux tours du monde, de lire des témoignages sur les réseaux sociaux ou des reportages à la télévision, on a l’impression d’être un peu ringard si on n’a pas fait son tour du monde…

Sur les réseaux sociaux, on se sent sans cesse poussé à tout plaquer. Quitter son emploi stable pour tenter une nouvelle aventure professionnelle. Passer un nouveau diplôme à 30, 40 ou 50 ans. Quitter les grandes villes pour s’installer à la campagne, loin de l’enfer des transports en commun. Changer de vie et tout recommencer à 10,000 kilomètres de chez soi, sous les tropiques ou en tant que digital nomad.

Difficile d’y voir clair entre influences médiatiques, pressions sociales et impératifs professionnels ou personnels. Des millions de questions se bousculent dans notre esprit…


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Ces questions, nous nous les sommes posées. Longuement. Ce projet avait-il un sens ? Ou n’était-ce qu’une lubie ? Dans le fond, avons-nous de bonnes raisons de nous lancer dans une telle aventure ?

Notre projet a commencé à prendre forme un peu moins de deux ans avant la date de départ. Nous avons décidé de partir huit mois, en nous concentrant notamment sur l’Asie. Nous n’étions pas particulièrement attachés à l’idée que ce voyage soit un tour du monde à proprement parler. L’important pour nous était de partir longtemps et d’explorer des endroits radicalement différents les uns des autres. Le fait de faire une boucle autour du monde est arrivé naturellement : il était plus simple, moins coûteux et plus rapide de poursuivre le tour du globe plutôt que de faire demi-tour pour revenir à notre point de départ. 

Voici les 5 raisons qui nous ont poussés à sauter le pas et à nous lancer dans l’aventure d’un tour du monde :

1. Toucher du doigt la complexité du monde. Nous avons voyagé dans plusieurs dizaines de pays. Mais chaque voyage ne nous offre qu’un petit aperçu sur le monde. Lorsque nous passons deux ou trois semaines dans un pays, nous nous immergeons dans sa culture, ses paysages, ses singularités. Mais à la fin du voyage, nous avons toujours ce sentiment de frustration. Le monde est immense et d’une diversité incroyable et nous n’en avons vu qu’une infime partie.

Passer d’un pays à l’autre dans un même voyage, découvrir le Rajasthan après avoir passé du temps à Dubaï, et avant de s’aventure en Chine puis en Australie, c’est se confronter à des univers profondément différents. Une expérience certainement déstabilisante, qui permet de toucher du doigt la diversité du monde.

Rapprocher ces découvertes dans le temps, c’est créer une expérience différente de toutes les autres, où les chocs culturels se succèdent et se renforcent. Cela nous pousse aussi à faire des liens, à voir les différences, les similarités entre les territoires et les cultures.

Lorsqu’on revient d’un voyage, on a tendance à comparer ce qu’on vient de vivre avec son pays ou sa ville d’origine. De retour de New York, les voyageurs français trouvent Paris bien calme, bien petite, bien provinciale. En intégrant plusieurs pays dans un même voyage, les comparaisons se cumulent dans nos esprits et enrichissent notre compréhension de la diversité et de la complexité du monde.

C’est cet effet boule de neige, cette richesse d’expériences qui ont été l’élément déclencheur de notre désir de faire un long voyage.

2. En voir plus, tout simplement. Au-delà de la qualité de l’expérience, il y a aussi une question de quantité. Nous avons envie de voir le monde entier. Non pas que nous ayons pour objectif de pouvoir dire que nous sommes allés dans tous les pays du monde (quel intérêt si nous n’y passons que deux jours à chaque fois ?…). Mais notre curiosité et notre soif de découvertes nous donnent envie d’en voir toujours plus.

Il y a tellement d’endroits que nous souhaitons découvrir dans le monde que nous savons bien qu’une vie n’y suffira pas. Il faut faire des choix, ce qui est toujours difficile. Consacrer six mois ou plus à voyager, c’est se donner la chance d’en découvrir beaucoup plus. Ce que l’on peut voir ou faire en six mois ou plus aurait pris des années, voire une grosse décennie à raison d’un seul voyage par an. C’est donc une opportunité unique de satisfaire un peu plus notre soif de voyages.

Un voyage au long cours est d’ailleurs une expérience éducative à plein temps. Lorsque nous voyageons, nous passons toujours beaucoup de temps à nous renseigner sur le pays que nous allons visiter. En partant dans plusieurs destinations en un voyage, nous apprenons tellement de choses sur l’Histoire, la géographie, la cuisine et la culture de tant de lieux ! Comme une formation intensive sur le monde qui nous entoure.

3. Prendre son temps et fuir la pression du voyage. Beaucoup de voyageurs sur le long-terme mettent en avant la possibilité de voyager plus lentement. Nous ne sommes pas des voyageurs particulièrement lents. Nous aimons profiter des endroits où nous nous sentons bien, mais nous avons aussi toujours envie d’en découvrir davantage.

Pourtant, un long voyage permet tout de même de rester quelques jours supplémentaires dans telle ville, de ne pas devoir courir, de ne pas passer des jours entiers à se remettre du décalage horaire. Bref, un tour du monde offre l’opportunité d’approcher le voyage comme un moment plus lent, plus calme, plus serein.

Surtout, en sachant que nous verrons des centaines d’endroits incroyables, nous ressentons aussi moins de pression si quelque chose ne se passe pas comme prévu. S’il pleut le jour où nous avions planifié de faire telle activité ou si un imprévu arrive, alors nous reporterons tout cela au lendemain.

Et si ce n’est pas possible, tant pis. L’important n’est pas de cocher des cases, de tout voir. L’important est de comprendre le monde tel qu’il est, tel qu’il s’offre à nous, et pendant un long voyage, les occasions de vivre des moments incroyables sont suffisamment nombreuses pour accepter d’en rater certaines. Lorsqu’on ne part qu’une semaine, chaque jour doit compter ! Mais sur plusieurs mois, on peut prendre davantage de recul et profiter pleinement, quoi qu’il arrive.

4. Mieux se connaître et revenir changé. Un voyage autour du monde peut être une réponse à la crise de la quarantaine ou du blues des 25 ans, à l’entrée dans la vie active. Bien sûr, nous souhaitons découvrir le monde, mais nous savons aussi que nous ne finirons jamais non plus une autre quête : nous découvrir nous-mêmes.

Faire une pause dans notre vie pour découvrir qui nous sommes en tant qu’individu, mais aussi découvrir qui est l’autre, quand on part en couple ou avec ses enfants. Un voyage est toujours l’occasion de se confronter à l’inconnu, à des situations déstabilisantes et inédites pour soi. Et de voir comment on réagit. Parfois, on se surprend soi-même. Parfois, on est surpris par la réaction de ses proches.

Les défis et les rencontres en cours de route peuvent nous aider non seulement à mieux nous connaître, mais aussi à nous changer, nous transformer peut-être. En six, douze ou vingt mois de voyage, on en ressort forcément changé. Peut-être avec une confiance en soi renforcée. Peut-être avec de nouvelles compétences. Peut-être avec de nouvelles envies.

C’est aussi ce qui nous a séduits dans l’idée d’un tour du monde : savoir que nous serons changés à notre retour, mais sans savoir en quoi. Sans savoir quelles seront nos envies quand nous reviendrons. Comment cela affectera notre vision du monde et nos projets d’avenir. Une belle occasion de réévaluer nos priorités et nos objectifs de vie. C’est quand même excitant, non ?

5. Entreprendre quelque chose d’inutile. Dans la routine quotidienne, tout nous incite constamment à rechercher la productivité, à maximiser l’utilité de nos actions, à valoriser chaque minute de notre journée. Au travail, nous sommes en quête d’efficacité, à la maison, nous planifions nos activités minutieusement pour rentabiliser chaque instant. Chaque moment est précieux et doit être utilisé de manière productive. C’est un sentiment qui peut nous épuiser, nous laissant peu de temps pour simplement profiter.

Le voyage autour du monde offre une échappatoire à cette obsession de la productivité. C’est une aventure qui n’a pas besoin de justification. Il ne s’agit pas de grimper une montagne parce que cela améliorera nos compétences en gestion du temps, ni de visiter un musée pour accumuler des connaissances professionnelles. C’est un acte de pure spontanéité, une quête de l’expérience et de l’exploration pour le simple plaisir de le faire. Partir en voyage pendant plusieurs mois d’affilée, c’est embrasser l’inutile et se libérer des contraintes de la routine.

Retrouver l’émerveillement de notre enfance au lieu de la recherche d’efficacité constante. Une sorte de quête de l’inutile qui a tout son sens.

En fin de compte, faire un tour du monde est une aventure extraordinaire qui peut être motivée par une combinaison unique de raisons personnelles, émotionnelles ou éducatives. Ce sont ici les 5 raisons principales qui nous ont poussés à sauter le pas, à entreprendre ce projet. Un voyage au long cours est une exploration du monde, de nous-mêmes, et la découverte de la diversité qui fait de notre planète un endroit incroyablement riche et complexe.

Il ne reste plus qu’à vivre chaque instant avec intensité pendant ces quelques mois : c’est parti !

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