THE HAIRY GIRAFFE… EN ROUMANIE
Après une semaine en Roumanie, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.
Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches. |
Le bilan de Benjamin
La Roumanie fut une belle découverte. Est-ce parce que je n’attendais pas forcément beaucoup de ce voyage ? Pour tout dire, j’avais même presque un peu honte de dire que je partais en Roumanie. Lorsqu’on me demandait quel serait mon prochain voyage, je répondais la Transylvanie. En voilà un lieu intriguant !
Dites que vous partez en Roumanie, et votre entourage pensera que vous allez vous égarer dans un pays post-communiste triste et sombre. Au contraire, dites que vous partez en Transylvanie, et votre entourage se dira que vous allez vous aventurer dans le monde intriguant de Dracula, peuplé de châteaux hantés et de forêts brumeuses. Comme quoi, parfois, un nom peut tout changer et le marketing a encore de beaux jours devant lui…
Ce voyage m’a permis de changer de regard sur la Roumanie, un pays plein de contrastes. Des contrastes qui ont rendu le voyage non seulement intéressant mais aussi authentique. Et puis, surtout, malgré l’hiver, malgré le ciel souvent gris voire neigeux, je n’ai pas trouvé le pays particulièrement triste.
J’ai d’ailleurs aimé visiter la Roumanie en hiver. Déjà, nous avons échappé aux touristes. Ce n’est pas forcément mon objectif prioritaire quand je voyage. Je sais bien que nous sommes loin d’être les seuls à vouloir voir les beautés du monde, à aimer en découvrir plus sur l’Histoire et la culture des autres pays. Je ne peux donc pas passer mon temps à râler parce qu’il y a d’autres touristes !
Mais avoir les sites rien que pour soi, c’est un réel privilège et cela devient de plus en plus rare. Et puis, le froid (tout à fait supportable) et le ciel gris ont ajouté du mysticisme à la découverte de la Roumanie. Le pays a une histoire très riche, mais évidemment son histoire récente, comme celle de trop de pays d’Europe centrale et orientale, est assez douloureuse.
Les stigmates du communisme sont visibles dans l’architecture des villes. J’ai toujours été fasciné par l’architecture soviétique ou d’influence communiste. Je trouve une certaine beauté aux villes à l’urbanisme planifié, comme Brasilia ou Astana. Et un certain charme aux larges bâtiments austères dont la grisaille trahit l’utopie qui a conduit à leur construction. Des fantasmes de lendemains qui chantent qui n’ont laissé derrière eux que de grands ensembles délabrés.
Bucarest offre un visage contrasté, avec un mélange de styles qui rendent la ville un peu confuse, plus difficile à lire que d’autres capitales d’Europe de l’Est. Mais c’est aussi ce qui fait son charme, son authenticité ; elle ne cache pas l’influence du XX° siècle derrière des façades baroques ou classiques. Beaucoup de bâtiments du centre-ville ne sont pas restaurés et sont noircis par le temps. On a moins l’impression de visiter une ville nettoyée pour les touristes.
Je n’aime pas quand les guides touristiques vantent les atouts d’une beauté cachée, quand ils prétendent que la beauté d’un lieu est plus grande lorsqu’elle n’est pas évidente. J’aime Paris parce que sa beauté est là, classique, facile à admirer. J’aime les villes qui sont fières de leur beauté, de leurs atours. Mais la tentation est grande de transformer les villes en villes-musées, de les rendre jolies et propres pour attirer plus de touristes, au détriment souvent de la vie locale.
Bucarest ne tombe pas dans ce travers. La ville offre un visage authentique et ne semble pas vouloir cacher ses verrues. Les beaux bâtiments classiques côtoient des immeubles délabrés et de grands ensembles où vivent une grande part de la population.
À l’opposé, la villa des Ceaușescu, où résidaient l’ancien président/dictateur communiste et sa famille, illustre cruellement les privilèges indicibles et l’impunité dans laquelle vivaient les dirigeants de pays à l’idéologie pourtant égalitaire. Combien de pays encore aujourd’hui dans le monde sont dirigés par un dictateur qui vit dans l’opulence et qui regarde son peuple mourir de faim ? Ironiquement, la villa des Ceaușescu est aujourd’hui devenu un musée et les immeubles d’inspiration communiste sont toujours habités, et en partie restaurés.
En Roumanie, la modernité côtoie parfois une ruralité un peu archaïque. Cette authenticité est visible sur les routes du pays, où il n’est pas rare de croiser chiens errants et charrues.
Partir sur les routes de Roumanie permet de découvrir tour à tour villages colorés, montagnes enneigées et châteaux isolés. En seulement neuf jours, nous avons découvert une capitale moderne, des petites villes touristiques colorées, des églises fortifiées luthériennes, une architecture d’influence germanique, une mine de sel et bien sûr, le château de Dracula.
Qui dit Transylvanie, dit Comte de Dracula. Le temps était parfait : la neige recouvrait le sol et le ciel était tantôt ensoleillé tantôt menaçant. Le site était assez peu fréquenté. Bref, les conditions étaient idéales pour marcher dans les pas de Dracula.
Mais attention, comme pour Bucarest, il ne faut pas s’attendre à un parc d’attraction. Le château de Bran n’a pas été construit comme le château de la Belle au bois dormant. Il a gardé toute son authenticité. C’est un vrai château et il se visite comme tout vrai château, en présentant son histoire réelle. Et tant pis pour les touristes qui espéraient trouver des vampires cachés dans une chambre à coucher (oui, je pense notamment à François…).
Pendant ce voyage, j’ai eu la sensation que la Roumanie ne s’adressait pas aux touristes. Elle les accueille bien volontiers (même si nous avons eu à faire à quelques petites arnaques…) mais elle ne semble pas se transformer pour leur plaire. Peut-être le pays est-il suffisamment sûr de ses atouts. Peut-être la croissance du tourisme changera-t-elle la donne dans les prochaines années. Pour l’heure, la Roumanie garde son authenticité. Et c’est sans doute cela qui m’a le plus plu pendant ce séjour et qui a malheureusement tendance à devenir de plus en plus rare dans le monde. Le pays n’est sans doute pas le plus beau et certainement pas le plus instagrammable, mais c’est son authenticité qui fait sa force. Alors tant pis pour le marketing et tant mieux pour les voyageurs !
Retrouvez le bilan de François :
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