THE HAIRY GIRAFFE… À TAÏWAN
Après deux semaines à Taïwan, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.
Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches. |
Le bilan de Benjamin
Quand j’étais enfant, Taïwan était essentiellement connu en Europe pour son industrie et le fameux “made in Taiwan”, qui n’était pas vraiment un gage de qualité. Quelques années plus tard, Taïwan devint un des quatre dragons asiatiques et se transforma non seulement en une île riche mais aussi en une réelle démocratie.
En 2024, à l’occasion de notre tour du monde, nous avons passé deux semaines à Taïwan, alors devenue un enjeu géopolitique majeur entre la Chine communiste et les États-Unis.
Alors que les journaux ne cessent de rappeler depuis un an les risques d’un embrasement de la région et de la répétition du scénario Russie-Ukraine, notre voyage à Taïwan a été on ne peut plus paisible. Difficile d’imaginer que, peut-être, quelques semaines ou quelques mois plus tard, les avions chinois pourraient mettre en péril une telle tranquillité. Difficile d’imaginer qu’une guerre puisse éclater sous le soleil subtropical de Taïwan et bouleverser le quotidien si banal de ses habitants. C’est pourtant la transformation radicale de l’île et sa démocratisation fulgurante et réussie qui dérangent et pourraient créer un précédent intolérable pour le régime de Xi Jinping.
Certains pays offrent des paysages exceptionnels. D’autres présentent des sites archéologiques ou historiques époustouflants. D’autres, enfin, ont une culture tellement unique qu’ils attirent les touristes du monde entier. Les pays les plus chanceux cumulent ces trois avantages. Soyons honnêtes, Taïwan n’en a aucun. Taïwan n’est pas une destination touristique “incontournable”.
Et pourtant, je ne me suis jamais ennuyé pendant nos deux semaines sur l’île, alors que je me suis parfois profondément ennuyé au Brésil ou en Inde, sur des sites inlassablement présentés comme incontournables.
Le quotidien des villes taïwanaises est fascinant. Alors qu’en France, une ville moyenne ne s’anime qu’autour de sa rue principale, les villes taïwanaises, même de taille modérée, sont multipolaires. Il suffit de changer de quartier pour trouver une rue animée. À Taïwan, la vie publique se déroule dans les rues, les restaurants débordant largement sur les trottoirs. Les stands de rue sont légion, de jour comme de nuit. Les temples taoïstes étalent leurs couleurs et leurs dragons, ajoutant une touche de vie à des rues bordées de bâtiments souvent un peu ternes et datés.
Et puis, à Taïwan, on retrouve l’influence japonaise, héritage d’une colonisation de 50 ans. On retrouve notamment un souci avancé du détail. Une fascination pour tout ce qui est petit et mignon. Sans oublier, évidemment, les figurines rigolotes et kawai qui peuplent les rues, les restaurants et même les temples, et qui apportent une touche d’insouciance et de joie au quotidien.
C’est sans doute ce qui m’a le plus plu à Taïwan : alors qu’on ne peut s’empêcher de penser que bientôt, peut-être, la Chine communiste gouvernera l’île, j’ai vécu ces quinze jours dans une insouciance et une légèreté réelles.
Taïwan n’est pas un pays autoritaire ou militaire. On ne s’y sent pas surveillé. Et pourtant, tout y est ordonné, tout y est propre, bien organisé, et paisible. Impossible pour moi de ne pas penser à la situation de la Corée du Sud, une autre démocratie menacée par son voisin et dont le quotidien des habitants est tout aussi paisible et ordonné. Pour un Occidental, l’ordre, le respect des règles et une certaine uniformité dans les comportements sont souvent synonymes d’État autoritaire. Dans les villes occidentales, personne n’attend le feu vert pour traverser la route, personne ne fait patiemment la queue sur le quai du métro ou d’une gare, personne ne laisse son téléphone trainé sur une table sans surveillance. À Taïwan, la démocratie la plus avancée d’Asie, ces comportements sont naturels et respectés par tous.
La patience est ici une valeur cardinale, et les relations sociales se font dans une bienveillance inconcevable dans la France du XXIe siècle. Les Taïwanais sont d’une gentillesse que je n’imaginais pas. Moins timides que les Coréens ou les Japonais, ils rendent les contacts plus simples, plus naturels. Et le voyage n’en devient que plus agréable.
Je n’aime pas qu’on me dise qu’un pays est formidable en raison de la gentillesse ou de l’hospitalité de ses habitants. Je me dis toujours que cela cache une réalité moins glorieuse : si un pays ne vaut que par la gentillesse de ses habitants, est-ce parce qu’il n’y a rien à y voir ?
J’ai écrit plus haut que Taïwan n’était pas une destination touristique “incontournable”. Autrement dit, l’île ne présente aucun site de niveau mondial, comme Angkor au Cambodge, ou Louxor en Égypte. Cela ne veut absolument pas dire qu’il n’y a rien à y voir ou à y faire. Impossible de s’ennuyer dans les villes taïwanaises. Les paysages sont montagneux et subtropicaux. Les conditions sanitaires sont très bonnes et permettent de profiter sans crainte des excellents plats qu’on trouve à chaque coin de rue. Les Taïwanais semblent vouer une véritable passion pour la nourriture et on pourrait y consacrer un voyage tout entier.
Le fait d’avoir visité l’île en période du nouvel an lunaire a évidemment contribué à rendre l’expérience plus magique. Je me souviendrai longtemps du festival de lanternes de Pingxi, où les neuf lâchers de lanternes en une soirée sont comme autant de moments hors du temps, et où les vœux de plusieurs milliers de personnes s’envolent au vent.
Certes, Taipei est moins excitante que Séoul, la gastronomie taïwanaise est moins exceptionnelle que la gastronomie nippone, les temples sont moins impressionnants que ceux de Birmanie ou de Bangkok, et les paysages sont beaux sans être époustouflants. Mais si Taïwan n’a aucun site “incontournable”, le tout offre une combinaison unique et fascinante : des villes agréables, de beaux temples, des paysages diversifiés, une excellente cuisine, des influences culturelles variées. Si aucun site ne vaut à lui seul le détour, prise dans son ensemble, Taïwan vaut bien le voyage.
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