LES HUMEURS DE LA GIRAFE

Voici cinq raisons de ne pas visiter l’Asie en scooter.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Nous avons tous été tentés par l’idée de sauter sur un deux-roues et de vivre l’aventure à plein gaz dans des paysages de rêve. Mais avant de parcourir l’Asie du Sud-Est en scooter, il y a quelques défis importants à prendre en compte.

À chaque fois que nous avons préparé un voyage dans un pays du Sud-Est asiatique, nous avons lu d’innombrables blogs qui répétaient tous la même chose : rien de mieux que de parcourir le pays en scooter. Visiter les anciennes capitales royales de Birmanie, monter au sommet du mont Bromo, parcourir l’île de Bohol aux Philippines… Si l’on se fie à Internet, il faudrait être stupide pour ne pas louer un scooter. Ce n’est d’ailleurs qu’en scooter qu’on peut profiter à fond de ces endroits incroyables.

Évidemment, rien de plus grisant que de s’élancer en toute liberté sur les routes d’un pays qu’on ne connaît pas. Nous sommes les premiers à adorer les road-trips. Mais entre la route 66 et les routes de l’île indonésienne de Flores, il faut savoir s’adapter à la réalité du terrain. Bien sûr, l’argument économique sous-jacent est réel : louer un scooter coûte bien moins cher que de réserver un taxi ou un guide à la journée. Et puis, soyons honnêtes, ça fait plus cool !

Mais attention, les risques sont réels et chaque année des accidents graves et des décès sont à déplorer chez des touristes imprudents qui parcourent les routes du Sud-Est asiatique en deux-roues. En 2023, les autorités de Bali ont même décidé d’interdire la location de mobylettes par les étrangers en raison de comportements dangereux (en 2020, plus de 400 personnes ont été victimes d’un accident de la route sur cette petite île indonésienne !).

Voici cinq raisons pour lesquelles la location d’un scooter peut ne pas être la meilleure idée dans cette région fascinante du monde.

1. Les routes en Asie du Sud-Est peuvent être dangereuses. Elles ne sont pas toujours bien entretenues, surtout dans les campagnes. Entre les nids-de-poule, les pavés irréguliers et les tronçons non asphaltés, naviguer avec un scooter peut devenir un véritable défi. Les bosses et les cahots peuvent rendre votre voyage beaucoup moins confortable que prévu… et beaucoup plus dangereux.

2. La circulation peut être un vrai cauchemar, avec des conducteurs qui ne semblent pas toujours respecter les règles. Les feux de signalisation ? Parfois optionnels. Les panneaux de sens interdit ? Souvent ignorés. Préparez-vous à une danse déconcertante de scooters, de voitures, de piétons et de klaxons, ce qui peut s’avérer déroutant, voire dangereux. Et il ne faut pas croire que seuls les locaux sont concernés : les touristes ont aussi souvent des comportements imprudents. Après tout, ils sont en vacances, loin de chez eux, alors pourquoi respecter le code de la route ? Ce serait gâcher ses vacances, hein !

3. Il est parfois difficile d’obtenir les papiers du véhicule et un casque, ce qui ne fait que renforcer les risques d’accidents graves. La location d’un scooter peut être une tâche compliquée, surtout si vous ne parlez pas la langue du pays. Obtenir les papiers du véhicule et un casque de qualité peut s’avérer être un vrai casse-tête. Il est essentiel d’avoir tous les documents nécessaires pour éviter des problèmes légaux.

4. En cas d’accident (non grave), votre journée sera gâchée. Imaginez-vous en train de discuter avec un mécanicien local pour résoudre un problème avec votre scooter. Si vous ne parlez pas la langue locale, cela peut devenir une épreuve de patience et de créativité. Les problèmes mécaniques peuvent survenir et remettre en cause vos plans pour le reste de la journée. La liberté, oui, mais passer ses vacances à galérer avec des problèmes mécaniques ou au poste de police, c’est quand même moins glamour.

5. Si partir en deux-roues offre un sentiment de liberté, on y perd en interactions avec les locaux et en impact économique sur les habitants. Passer par un guide est aussi une expérience sociale : vous aurez l’occasion de partager un moment avec votre guide, d’en apprendre davantage sur ce que vous visitez mais aussi de discuter de son quotidien. Bien sûr, louer les services d’un chauffeur ou d’un guide coûte plus cher, mais au-delà du confort et d’une diminution du risque d’accidents, vous y gagnez aussi en rencontres et en échanges. Surtout si vous décidez de partir à la découverte de sites moins connus, sur lesquels vous trouverez moins d’informations dans les guides ou sur Internet.  

Cela ne signifie pas que vous devez renoncer à l’expérience de louer un deux-roues, mais simplement que vous devriez être bien préparés, flexibles et prêts à relever ces défis avec un sourire. Mieux vaut être un conducteur aguerri, être conscient de l’état des routes et des habitudes de conduite locales, et savoir garder une attitude positive. En cas de pépins mécaniques ou d’accident sans gravité, il faudra faire preuve de patience et recul. Les blogs voyages semblent offrir un même point de vue sur la question et nous trouvons important de rappeler les risques liés à la conduite d’un deux-roues en Asie du Sud-Est.

Et n’oubliez jamais d’avoir une assurance voyage solide. C’est essentiel pour tout voyage, mais ça l’est d’autant plus si on loue un véhicule. Les accidents peuvent survenir, et il est essentiel d’être bien couvert, surtout dans des régions où les soins médicaux peuvent être coûteux. Vérifiez les détails de votre assurance pour vous assurer qu’elle couvre les accidents liés à la conduite d’un deux-roues.

Et si vous ne vous sentez pas 100% à l’aise avec tout ça, pas d’inquiétude : les sites d’Indonésie, Viêtnam, Birmanie ou Philippines sont tout aussi incroyables quand on les découvre en taxi partagé ou privé. L’important, c’est de bien connaître ses limites et de voyager en connaissant ses capacités, ses peurs, ses moyens.

En ce qui nous concerne, on ne nous y prendra plus : les scooters en Asie du Sud-Est, c’est terminé ! Notre mésaventure à Bagan, en Birmanie, nous a définitivement détournés de ce moyen de transport. En guise de deux-roues, nous nous contenterons désormais de louer des vélos ! On a peut-être l’air moins cool sur nos bécanes mais l’important c’est de revenir de voyage sans blessures…

Notre mésaventure en Birmanie, racontée par François :

Nous avions loué un hôtel pour quelques jours pas très loin des temples de Bagan et avions prévu de faire comme tout le monde et visiter le site en deux-roues. Je n’en avais jamais conduit, mais je me disais que si un ado est capable d’en conduire un, ça ne doit pas être si difficile que ça. Le matin du jour J me voilà donc confiant en train de réserver le deux-roues pour la journée. Je précise que ce qu’on appelle un scooter électrique à Bagan est une sorte de mini-scooter pas très solide. Sans doute le modèle le plus casse gueule des deux-roues à moteur.

J’enfourche le truc, tourne le contact… et arrive à peine à faire cinq mètres avant de me retrouver par terre devant un mari stupéfait. Ce qu’on ne m’a pas dit, c’est qu’un deux-roues, ce n’est pas comme un vélo et encore moins comme une voiture… Un deux-roues, ce n’est pas super maniable, la moindre oscillation du guidon vous envoie directement dans le décor. Comme je venais de l’apprendre à mes dépends.

À peine orgueilleux, je remonte sur la chose et décide cette fois d’y aller en vitesse en me disant que c’est sans doute plus stable lorsque ça roule. Oui… et non.  Un deux-roues, c’est aussi sensible : c’est fou comme une très infime rotation du poignet le fait soudainement bondir vers l’avant et se lancer à toute vitesse !

C’est donc un bolide qui est passé devant Benjamin avec au volant un mec pas du tout rassuré et en grande crise existentielle : si je ralentis, je tombe et je me croûte, si je ne ralentis pas, je ne tombe pas, mais je me croûte violemment. Il y a de ces dilemmes parfois… Malgré tout, je finis par arrêter le fauve sans douleur, mais gonflé d’orgueil.

On a prévu de visiter Bagan en deux-roues, on va visiter Bagan en deux-roues. Me voilà donc en train de faire des allers-retours sur une route droite durant près de vingt minutes pour être à peu près capable de contrôler le deux-roues. Plutôt sûr de moi, je m’arrête à côté de Benjamin afin qu’il grimpe à l’arrière, pas du tout confiant.

Bagan est à nous… pas encore. La route n’est pas linéaire (évidemment, ça aurait été trop facile). Les virages sont pénibles, Benjamin est paniqué et moi, j’ai juste envie de pleurer. En y repensant, j’ai même une image du deux-roues au fond d’un fossé et moi qui vais le chercher dans les ronces et qui finis par marcher à côté, écœuré.

Malgré tout, on réussit sans trop savoir comment à visiter tous les temples prévus au programme cette journée-là. Ces visites m’ont presque fait oublier toute l’angoisse qu’on a eue le matin avec le deux-roues et c’est plutôt en confiance que je me remets derrière le guidon. Je déchante très rapidement.

Si vous pensez que l’aller a été difficile, attendez de voir le retour (il fallait bien revenir à l’hôtel…). Première bonne idée : rentrer en fin de journée, au même moment que tous les touristes et les locaux. Deuxième bonne idée : rouler dans la voie du centre avec des véhicules qui sifflent des deux côtés et les mains totalement paralysées par la peur accrochées au guidon. Troisième bonne idée : se diriger droit sur une carriole qui roule à côté. Oui, oui, droit dessus.

Le feu d’artifice d’émotions négatives qui m’envahissait déjà a pris le contrôle du monstre sur lequel nous étions assis et nous a dirigés droit sur la roue arrière gauche de la carriole. Les réactions ont été variées et immédiates. Les passagers de la carriole qui agitaient les bras en tous sens en prononçant des mots que je n’entendais même pas. Benjamin qui hurlait dans mon oreille (lui, je l’entendais) en visualisant le crash tout en levant sa jambe le plus haut possible. Moi qui poursuivais bêtement la route, complètement hypnotisé.

Un brin de lucidité m’a soudainement fait donner un coup de guidon quelques microsecondes avant que la jambe droite de Benjamin ne rencontre la roue arrière gauche de la carriole. Je ne me souviens plus comment j’ai fait ensuite pour nous amener indemnes sur le côté de la route.

Après avoir évacué nos émotions négatives sous formes d’insultes ou de pleurs (à vous de voir qui a réagi comment), nous avons préféré rentrer à pied plutôt que de remonter sur cette machine du diable. Afin de nous assurer de garder tous nos membres, nous décidions de visiter le reste du site en alternant marche et tuk-tuks.

En rendant le deux-roues à l’agence de location, je me suis dit que plus jamais je ne monterai sur un deux-roues…

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