THE HAIRY GIRAFFE… AUX ÉMIRATS ARABES UNIS

Après 10 jours aux Émirats arabes unis, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de Benjamin

New York fut la destination de mon premier voyage en indépendant. Je tombai immédiatement amoureux de la beauté de son architecture, de son dynamisme, de son atmosphère unique. Ayant grandi à Bordeaux, où les bâtiments ne dépassent pas les deux étages, je me passionnai pour la verticalité de l’architecture new-yorkaise. À l’époque, Dubaï commençait à peine à édifier ses bâtiments les plus emblématiques, la Burj al Arab et la Burj Khalifa. Une ville qui s’élevait vers le ciel, c’était forcément un endroit qui me faisait rêver. 

Plus de dix ans plus tard, je découvre enfin Dubaï. Entre temps, j’ai eu la chance de visiter plusieurs villes verticales, Tokyo, Séoul, Chicago ou encore Sao Paulo. Et puis, mon empressement à découvrir Dubaï avait été diminué par ce que j’en avais entendu dire : Dubaï était une ville artificielle, qui n’attirait que des influenceurs et ne méritait qu’une halte rapide, à l’occasion d’une escale.

D’où notre décision de ne pas visiter que Dubaï mais de faire un tour plus approfondi des Émirats arabes unis. 

Le verdict ? Ce pays ne peut en effet que questionner notre rapport à l’authenticité. Il s’agit de la première destination de notre tour du monde et je suis déjà un peu déboussolé. Faire le tour des Émirats arabes unis, c’est découvrir quelques oasis authentiques dans un océan d’artificiel. En surface, les mosquées sont dignes du Taj Mahal ou de la Mosquée bleue, les déserts orangés sont envoûtants, les gratte-ciels concurrencent ceux de New York.

Et pourtant, tout cela sonne faux. Terriblement faux. Il aura manqué une certaine émotion, l’émotion qu’on ne peut pas bâtir en exploitant des ouvriers indiens ni en alignant des centaines de millions de pétrodollars. Cette émotion, que l’on ressent à chaque fois que l’on se promène dans les rues de New York, de Paris, d’Athènes ou de Khiva, ne peut être créée que par le temps qui passe, par l’histoire et la culture spécifiques à un lieu, par ce vernis qui fait d’un lieu une ville et non un simple agrégat de bâtiments et de gens.

Aux Émirats arabes unis, j’ai souvent eu l’impression de visiter des non-lieux, des espaces qui n’ont aucune histoire, aucune culture propre, aucune spécificité. On nous répète inlassablement, à chaque visite (et le Louvre Abu Dhabi en a fait le fil directeur de son exposition), l’importance de l’universalisme. Mais le risque est alors d’effacer toute spécificité, toute richesse culturelle. 

Aux Émirats arabes unis, les Émiratis ne représentent que 11% de la population et les étrangers, qui n’obtiennent presque jamais la nationalité, sont parfois des (nouveaux) riches occidentaux et souvent des ouvriers sud-asiatiques exploités par les premiers… La ségrégation spatiale est frappante, notamment à Dubaï, où chaque communauté habite dans son propre quartier, à quelques kilomètres et des années-lumière des autres.

La ségrégation est aussi sexuelle : à Abou Dabi, les hommes s’entassent au fond du bus pour, religion oblige, laisser les premières rangées aux femmes, nettement moins nombreuses. En raison d’une immigration de travail, il y a près de 2.5 fois plus d’hommes que de femmes aux Émirats arabes unis. Le pays est un pays d’hommes, incontestablement. Cette sensation est renforcée par le conservatisme religieux, qui place la femme au foyer et exige qu’elle soit couverte si elle en sort. Si Dubaï fait figure d’exception, dans certains émirats, les femmes sont majoritairement voilées et beaucoup portent le niqab. Mais, sur la plage voisine, quelques touristes se prélassent en bikini, donnant l’impression que les Émirats arabes unis ont fait leur le slogan de McDonald’s : venez comme vous êtes.

Pourtant, lorsqu’on regarde les photographies des Émirats arabes unis sur les réseaux sociaux, on a l’impression qu’elles ont été prises au pays des mille et une nuits. C’est parce que tout semble avoir été fait, pensé, pour que le touriste reparte avec des clichés instagrammables. La grande mosquée d’Abou Dabi se visite le long de ‘points photo’ pour que chacun puisse prendre le cliché parfait et montrer au monde entier la beauté des Émirats. Mais cette perfection esthétique ne crée pas une expérience authentique. 

Les villes des Émirats arabes unis sont remplies de cliniques de chirurgie esthétique. Comme un symbole que l’apparence y serait plus importante, que l’essentiel, c’est que ça brille et que ça scintille, et peu importe si finalement ce n’est pas de l’or. 

Je parlais plus haut de quelques oasis d’authenticité. Heureusement, les Émirats arabes unis offrent un peu de diversité et parfois, au détour d’une route, on tombe sur un fort restauré avec soin, un musée culturel (je pense évidemment au Louvre mais aussi au Musée de la civilisation islamique de Charjah) ou encore des dunes qui ne sont pas (encore ?) recouvertes par des traces de roues d’un 4×4. 

Je suis heureux d’avoir commencé notre voyage autour du monde par les Émirats arabes unis. Déjà, c’est la transition parfaite entre Occident et Orient. Mais c’est aussi une magnifique façon de poser d’emblée la question de l’authenticité d’un lieu touristique, de se demander ce qu’on vient chercher quand on traverse la planète, ce qu’on espère y trouver, alors même que tout à déjà été découvert, que nous ne sommes pas des explorateurs mais de simples visiteurs. Une question qui me suivra très certainement pendant tout mon voyage. 

Retrouvez le bilan de François :

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