THE HAIRY GIRAFFE… AU RAJASTHAN

Après trois semaines au Rajasthan, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de François

Nous avons fait l’Inde dans le cadre de notre tour du monde. Je tiens à préciser que venir en Inde, c’était l’idée de Benjamin. Je n’avais personnellement pas très envie d’y aller. Même si je trouvais l’idée de voir le Taj Mahal assez séduisante, je craignais que le voyage soit compliqué. L’Inde n’est pas connue pour être un pays accessible notamment à cause de son hygiène déplorable. 

J’ai finalement accepté d’y aller, car je me suis dit que c’était l’occasion. Nous passions par là (je n’aurais jamais fait un voyage expressément pour voir l’Inde) et, depuis le temps, je commence à être un voyageur aguerri. Ça devrait donc le faire…

“Toto, j’ai l’impression que nous ne sommes plus au Kansas”

Dorothée a eu un choc en atterrissant au pays d’Oz. Je crois qu’elle serait morte sur le coup foudroyée par un arrêt cardiaque si la tornade l’avait conduite à Delhi. Autant l’aéroport de Delhi et l’express qui le relie au centre-ville sont modernes et propres, autant la sortie de la gare a été percutante. 

Ici, pas de bonne sorcière ni de Munchkins avec qui chanter dans la joie et l’allégresse. On se retrouve en plein chaos: des voitures et des touktouks qui klaxonnent plus qu’ils ne roulent et rendent complètement assourdissant l’environnement sonore, des vaches sur les routes, des gens partout et des déchets à perte de vue. Tout ça enveloppé d’un brouillard de pollution constant. Il n’y a plus aucun doute à avoir : nous avons quitté les Émirats arabes unis. 

Dès mon arrivée, ma réaction a été la même que celle de Dorothée : j’ai envie de rentrer chez moi. Moins de 5 minutes passées dans tout ce bordel et voilà toutes mes plus profondes inquiétudes et toutes mes idées préconçues à l’égard de ce pays confirmées. 

La route qui nous emmène de notre hôtel à l’épicerie n’a rien avoir avec la jolie route de briques jaunes empruntée par Dorothée. 

Nous, nous avons droit à des routes bondées de véhicules qui ne respectent aucunement le code de la route (je crois qu’il doit être inexistant ici). Ça roule en tous sens et dans toutes les directions. Les conducteurs ne respectent aucune priorité. Français, votre priorité à droite, vous allez la chercher longtemps. Québécois, votre priorité piétons, mieux vaut ne pas y penser : vous risquez de finir au cimetière en quelques secondes. 

Ici, les véhicules ne font pas de cadeaux. Tous les conducteurs s’autoproclament prioritaires. Un piéton traverse la rue, tant pis, je fonce, il n’aura qu’à se pousser. Une voiture veut s’insérer dans la circulation, pfff, même pas en rêve, je passe. Les Indiens conduisent au klaxon ; c’est-à-dire qu’ils croient que le simple fait de klaxonner leur donne la priorité. Et puisqu’ils croient tous qu’ils sont prioritaires, ça devient vite le gros bordel.

Dorothée a eu un chemin relativement aisé entre le village des Munchkins et la Cité d’Émeraude. Elle, elle a eu de la chance.

En plus de devoir zigzaguer entre les voitures, nous avons aussi dû apprendre à éviter les déchets omniprésents dans les rues. Il y en a pour tous les goûts : plastiques divers et variés, cartons, verre, tissus, restes alimentaires, excréments d’animaux et même humains (oui, oui, même humains…), animaux morts… Le tout sous une tonne de poussière. 

Marcher dans les rues indiennes (on constatera rapidement que presque toutes les villes sont aussi sales les unes que les autres), c’est marcher dans une déchèterie à ciel ouvert. Greta Thunberg aurait de quoi faire ici. Lorsque vous lisez des blogs de voyageurs qui disent que l’Inde c’est un peu “cracra”, c’est un mensonge éhonté. Soit ils n’y ont jamais réellement mis les pieds et ne font que s’imaginer une Inde complètement utopique. Soit, ils y sont allés, mais ils ont fait tout leur voyage avec des lunettes roses vissées sur le visage. 

Soyons honnêtes : l’Inde que nous avons vue, elle n’est pas un peu “cracra”. Elle est franchement dégueue. Les Indiens ne font rien pour changer cela. Déjà, les poubelles sont quasi inexistantes dans les villes que nous avons visitées. C’est peut être pour cette raisons que les gens jettent tout par terre (au grand bonheur des rats, chiens, vaches, singes et autres). L’emballage du samoussa qu’ils viennent d’acheter : par terre. Le sac de chips vide : par terre. Le reste de dal : par terre. Le ticket de métro qu’ils viennent d’utiliser pour sortir : par terre. Et cela vaut pour toutes les classes sociales. On a même vu ce comportement à bord d’un train. Un homme visiblement assez aisé a nonchalamment lancé ses emballages de médicaments et de cookies sur le plancher du wagon… 

Le nombre d’hommes que nous avons vu uriner n’importe où est assez conséquent et ferait rougir tout organisateur de festivals. Un lampadaire, un monticule de déchets, le mur d’une maison ou d’une fortification classée à l’UNESCO… tout fait office de toilette improvisée. Il ne faut pas non plus oublier de mentionner qu’une majorité d’Indiens rotent (souvent dans ton oreille) et crachent. Tabac à chiquer, bétel, salive, liquides quelconques, les raisons sont multiples. On est, encore une fois, bien loin d’Oz.

Question d’enfoncer encore plus le clou et de bien comprendre qu’on n’a pas atterri au pays d’Oz (ni au Kansas d’ailleurs), on n’a pas fait les mêmes rencontres que Dorothée. Contrairement à elle qui a eu l’occasion de rencontrer des acolytes sympathiques au cours de son voyage, nos rencontres avec les Indiens ont essentiellement été… commerciales avec évidemment notre argent au cœur de celles-ci. 

Presque chaque fois qu’un Indien est venu nous parler, c’était pour nous soutirer de l’argent d’une manière ou d’une autre. Ils y allaient souvent franco et sortaient de leur boutique pour nous inciter à entrer ou arrêtaient leur touktouk à notre hauteur pour nous faire monter. Nous en avons vu plusieurs foncer directement sur nous touristes occidentaux en faisant complètement abstraction des autres touristes indiens qui nous entouraient. Certains commerçants ont même quitté leur boutique et traversé la rue pour venir à notre rencontre.

D’autres étaient plus subtils et tentaient une autre méthode. À Delhi notamment, plusieurs Indiens nous ont abordés de la même façon. Ils sont arrivés à notre hauteur et nous ont tous dit la même chose : “Hello sir! What’s your name? Where are you from?” (“Bonjour Monsieur! Comment vous appelez-vous? D’où venez-vous?). Juste après avoir répondu à leurs questions, la subtilité tombe. Ils essaient de nous vendre leurs services de guide ou souhaitent nous amener dans leur boutique (ou celle d’un ami) qui vend des trucs “pas chers”. 

On a même eu droit à un chauffeur de touktouk qui, nous voyant marcher, nous a abordés pour nous dire que la route sur laquelle nous marchions était fermée et que lui seul pouvait nous emmener à destination…sans que nous ne lui ayons dit où nous allions. Si au début, c’est anecdotique voire rigolo, ça devient vite exaspérant lorsqu’il n’est plus possible de faire deux pas sans être assaillis.

Une autre chose assez marquante, c’est que Dorothée et ses amis n’étaient que quatre à déambuler sur la route de briques jaunes dans un pays visiblement vide. Forcément, c’est facile d’y gambader en chantant. Ici, avec près de 1,5 milliard d’habitants, c’est plus compliqué. Il y a du monde partout. Ravalez tout de suite votre besoin de calme et de solitude. Ne comptez pas non plus gambader comme Dorothée. Si vous ne vous faites pas percuter par un touktouk pour les raisons mentionnées précédemment, c’est simplement un Indien qui vous rentrera dedans en marchant. 

Je ne sais pas si c’est le fait qu’ils soient si nombreux, mais les Indiens semblent être très individualistes. Ils coupent systématiquement les files d’attente. Ils poussent et bousculent pour entrer dans un train. Chacun écoute sa musique ou son émission de télé dans les transports (sans écouteurs évidemment sinon c’est moins drôle). Ils ne se gênent aucunement pour te pousser lorsqu’ils veulent prendre une photo et, une fois que leur photo est prise, restent sur place t’obligeant ainsi à les avoir sur la tienne. 

Dans tous les hôtels que nous avons faits, les Indiens ont rendu notre séjour difficile. Quand ce n’est pas des touristes qui font la fête jusqu’au début de la nuit ou mettent de la musique à tue tête pour se doucher à 22h00 dans une salle de bain aux murs fins comme du carton, c’est les propriétaires de la guesthouse qui font la vaisselle à 23h00 dans leur cuisine adjacente à ta chambre ou laissent leurs enfants courir et crier partout alors que nous voulons dormir. 

Les Indiens n’ont également aucun problème à entrer dans ta bulle pour regarder sur tes écrans de portable ou d’appareil photo. Au passage, ils en profitent pour te proposer un touktouk s’ils voient que tu es sur Google Maps (non, ils ne perdent pas le nord) ou à commenter la photo que tu viens de prendre et qui s’affiche sur ton écran. Ils n’ont aussi aucun problème à te photographier, toi, touriste occidental. Si plusieurs le font gentiment en te demandant ton autorisation, d’autres te prennent tout simplement en photo quand tu passes près d’eux ou te cadrent de manière pas du tout subtile dans leur selfie.Tout cela fait en sorte qu’on a un peu l’impression qu’ils ne se soucient de rien d’autre que de leur propre personne et confort. 

On dit souvent que les Occidentaux et les Américains notamment sont très individualistes. Je suis nord-américain. Je suis allé dans beaucoup de pays. Jamais je n’ai senti un tel je-m’en-foutisme de l’autre. Peut-être n’est-ce pas de l’individualisme, mais un manque de civisme ? Dans tous les cas, il y a clairement des codes sociaux que je n’ai pas compris. C’est peut-être cette incompréhension qui ont rendu si pénible mon voyage en Inde.

L’Inde, ça vaut la peine d’y aller ?

Vous l’aurez compris, je ne suis pas tombé sous le charme de l’Inde ni du Rajasthan. Les pollutions sonore, visuelle et olfactive omniprésentes, l’absence flagrante d’hygiène, le bruit constant, l’absence d’intimité et le manque de civisme des Indiens sont d’énormes arguments en défaveur de ce pays. Si on ajoute que les sites touristiques (Taj Mahal exclu) sont généralement pas bien entretenus et parfois décrépits, ça commence à faire beaucoup. 

Je n’ai rien contre vivre quelques temps dans des conditions au confort approximatif si c’est pour voir des sites exceptionnels. Malheureusement, en Inde, rien ne m’a paru du niveau à contrebalancer l’expérience désagréable de voyage. Certes, il existe des exceptions. Le Taj Mahal est tout simplement magnifique. C’est sans contredit la Cité d’Émeraude indienne. Encore faut-il réussir à le voir, car avec la pollution d’Agra, ce n’est pas gagné. La ville d’Udaipur vaut aussi franchement le détour. Colorée, propre, plus intimiste, ça change et ça fait du bien et on a presque l’impression d’avoir changé de pays. Et… voilà ! 

Peut-être aurais-je eu une opinion différente si j’avais fait le voyage en tour organisé avec mes lunettes roses et où j’aurais dormi dans des hôtels haut de gamme ? Je ne le saurai jamais. Je préfère visionner à nouveau Le Magicien d’Oz, c’est plus agréable. Si Dorothée est retournée à Oz avec plaisir, moi, je ne retournerai jamais en Inde. Ça ne vaut pas le coup. 

Allez ! J’enfile avec bonheur mes souliers de rubis, je claque trois fois des talons et je vais me reposer ailleurs. 

Retrouvez le bilan de Benjamin :

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