THE HAIRY GIRAFFE… EN BIRMANIE

Après deux semaines en Birmanie, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de Benjamin

Nous avons passé deux semaines en Birmanie, le premier pays d’Asie du Sud-Est que nous visitions. Le pays s’était alors déjà ouvert au tourisme depuis quelques années et on entendait partout des injonctions à se dépêcher avant qu’il ne soit ‘trop tard’. Non pas que notre entourage avait anticipé le coup d’État de 2021 ; il était plutôt fait référence à la supposée perte d’authenticité de la Birmanie. Mais dès les premiers pas dans le pays, nous avons été rassurés : la Birmanie était loin d’avoir perdu son authenticité et nous étions sur le point de vivre un voyage particulièrement dépaysant.

Pendant deux semaines, j’ai été tour à tour subjugué, intrigué, étonné, embarrassé parfois. Pourquoi donc autant de personnes nous demandaient-elles de se prendre en photo avec nous (sur quels critères certains individus choisissaient-ils François et d’autres moi ? et ce père de famille m’a-t-il réellement demandé de prendre une photo de moi seul avec son fils ?!) ?

Que signifiaient ces statues (un peu kitsch, il faut bien l’avouer) à tête de cheval ou en forme d’œuf géant ? Pourquoi Bouddha était-il représenté à l’infini dans un même temple ? Existe-t-il un concours du plus grand Bouddha couché, du plus grand Bouddha debout, du plus grand Bouddha assis ? Quelle ferveur pouvait donc expliquer la quantité d’argent déposé devant chaque statue par des gens aux ressources financières limitées ? Quels étaient ces fruits et légumes exotiques aperçus sur les marchés ?

Pour répondre à toutes nos interrogations, il nous aurait fallu un guide, dix guides, cent guides : chaque visite, chaque rencontre, chaque découverte ont été autant de sources de questionnements. Et pourtant, je m’étais renseigné sur le pays, ses traditions, sa culture, nous avions fait une exposition sur Bouddha au musée Guimet, et nous avons posé nos questions sur place chaque fois que cela fut possible. Mais le dépaysement fut tel qu’il nous a bien fallu nous rendre à l’évidence : en deux semaines, nous sommes restés extérieurs, étrangers à la culture birmane.

Si nous avions prolongé d’une ou deux semaines, nous serions très certainement restés tout aussi étrangers et nous serions sans doute rentrés avec encore plus de questions…

Si parfois l’incompréhension et la nouveauté me déstabilisent ou me mettent mal à l’aise, j’ai adoré découvrir la Birmanie, me sentir dans un monde très différent du mien. Les millions de sourires que les habitants nous offraient spontanément, la curiosité à notre égard, et la facilité des contacts ont rendu le voyage relativement facile.

Et puis, une fois passées les découvertes initiales, il faut bien reconnaître une certaine répétition, presque à l’infini, des motifs, qui installe une familiarité avec les lieux : à Bagan, les dizaines de temples finissent par se ressembler, on parvient à identifier les différences mineures entre deux représentations de Bouddha, et déposer une feuille d’or sur une statue ou un rocher finit par devenir presque banal (sauf pour les femmes, qui n’ont pas les mêmes droits religieux que les hommes et sont souvent tenues éloignées du cœur de l’action dans les temples…).

Même les lieux les plus touristiques du pays m’ont semblé revêtir une réelle authenticité. Après avoir vu de nombreuses photographies du lac Inle, je restais sceptique à l’idée de m’y rendre. J’y suis arrivé un peu à reculons, craignant de n’y trouver rien d’autre qu’une étendue d’eau sans charme où tout le monde est rompu à l’exercice touristique (un guide vous conduit en pirogue pendant toute une journée d’un atelier à un autre, le long d’un circuit identique pour tous).

Et pourtant, le charme de l’endroit, ce je-ne-sais-quoi d’authentique, a rendu l’expérience magique. Ce fut l’un de mes endroits préférés du voyage (plus peut-être que Bagan, où la répétition des temples a fini par rendre le site un peu moins magique à mes yeux). Bien sûr, à l’entrée du lac, quelques individus prennent la pose en échange d’un billet pour permettre aux touristes de faire LA photo du pêcheur sur une jambe et le pied en l’air. Mais à quelques dizaines de mètres, de véritables pêcheurs répètent inlassablement les techniques traditionnelles, sans se soucier le moins du monde des touristes qui passent.

Même les levers et couchers du soleil m’ont séduit. Il faut dire que je ne suis pas du tout un adepte de ces levers ou couchers du soleil que trop de bloggeurs présentent comme ‘incontournables’ lorsqu’on va en Birmanie, à Rio de Janeiro, à Santorin, à Angkor, sur le mont Bromo ou sur n’importe quelle plage du monde. Les photos sont souvent bien plus belles que la réalité et je suis rarement convaincu que le soleil à dix mille kilomètres de chez moi est vraiment plus beau que celui que je vois depuis ma fenêtre.

Mais je dois bien reconnaître qu’à quelques rares exceptions près (notamment les points de vue bondés de Bagan), le spectacle s’est souvent révélé magnifique (notamment au pont d’U Bein et au lac Inle). Peut-être aurais-je adoré le lever du soleil sur les temples de Bagan du haut de la montgolfière si la pluie n’avait pas décidé de nous forcer à rester cloués au sol, après un réveil à 3h du matin…

De ce voyage, il me reste de véritables coups de cœur, qui ne sont pas ceux que j’imaginais en préparant notre séjour. Bagan ne m’a pas autant exalté que je l’aurais pensé et j’ai été déçu par les bâtiments coloniaux de Yangon : j’avais adoré les photographies de cette nature qui reprend ses droits en envahissant les fenêtres des immeubles, mais dans la réalité, les façades sont plus à l’abandon que poétiques.

À l’inverse, j’ai largement succombé pour le lac Inle donc, mais aussi pour Mandalay, cette ville plus au nord où nous avons découvert des temples variés d’une grande richesse, et le Rocher d’or, un site qui aurait pu être tellement décevant (un rocher doré au bord d’une falaise) mais que l’incroyable ferveur des Birmans a rendu magique.

En seulement deux semaines, ce voyage m’a offert de nombreux chocs culturels, défié ma curiosité et créé des centaines de souvenirs. Trois mois plus tard, le monde se fermait pour crise sanitaire et un an plus tard, le pays était le théâtre d’un coup d’État militaire. Preuve s’il en est que nous avons bien fait de suivre le conseil de notre entourage et de visiter la Birmanie avant qu’il ne soit ‘trop tard’. Parce que, malheureusement, comme trop d’autres pays nous l’ont récemment prouvé, ‘trop tard’ arrive parfois plus tôt qu’on ne l’imaginait… 

Retrouvez le bilan de François :

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