THE HAIRY GIRAFFE… AU CHILI

Après deux semaines au Chili et à l’île de Pâques, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de Benjamin

Nous avons passé deux semaines au Chili, répartis sur trois parties différentes du pays : Santiago, l’île de Pâques et le désert d’Atacama. Le pays s’étirant du nord au sud sur 4300 km, il nous faudra revenir pour visiter le sud pendant une saison plus propice. Et si je ne doute pas que le sud offre des paysages somptueux, le nord ne démérite pas. C’est d’ailleurs pour le désert d’Atacama que je voulais absolument inclure le Chili dans notre voyage de 8 mois autour du monde. 

Même si j’avais (et j’ai toujours) une nette préférence pour l’Asie (d’où le déséquilibre de notre itinéraire, avec 6 mois passés en Asie et seulement un mois en Amérique latine), le Chili m’a agréablement surpris. Par les conditions d’hygiène d’abord, globalement très bonnes, et par le niveau de développement du pays. On est loin de la Bolivie voisine par exemple. Agréablement surpris aussi par la sécurité : globalement, on ne s’est pas du tout senti en insécurité comme on a pu l’être au Brésil. Évidemment, en arrivant d’Auckland, nous avons perdu un peu de confort et il a fallu faire un peu plus attention à nos affaires dans la rue. Mais rien d’insurmontable. 

Après 11h de vol depuis Auckland, pourtant, Santiago ne peut que décevoir. La capitale chilienne n’a pas bonne réputation. Et, en effet, si elle est située dans un cadre somptueux, au pied de sommets andins enneigés, son architecture n’est pas à la hauteur du site. Le centre-ville n’est pas désagréable mais la pollution constante recouvre la ville d’un voile brumeux qui nous a rappelé, à un niveau certes moins dramatique, notre séjour à Dehli. Quel dommage de ne pas avoir bâti une belle ville sur un site aussi grandiose ! De façon générale, les touristes ne restent pas longtemps à Santiago, et ils ont probablement raison.

Pour nous, Santiago a été un bon point de chute pour passer d’un endroit à un autre, entre Auckland, l’île de Pâques et Atacama. 

Parce que les véritables trésors du Chili sont ailleurs. D’abord, l’île de Pâques. Lorsque nous avons dessiné notre itinéraire, l’île de Pâques s’est imposée comme une évidence. Certes, l’île est à près de 4000km de Santiago et le vol de plus de 5h est souvent mouvementé, mais nous savions que nous n’aurions sans doute plus jamais l’occasion de nous y rendre (depuis Paris, le voyage commence à être extrêmement long et coûteux). 

L’île de Pâques fait rêver beaucoup de monde. Et, comme pour tous ces endroits mythiques, j’avais peur d’être un peu déçu. Mais si les moaïs sont en réalité moins omniprésents que ce qu’on pense (non, il n’y a pas des moaïs tous les 300 mètres le long de la côte, et l’immense majorité d’entre eux sont cassés ou couchés), l’île m’a vraiment plu. Depuis le Covid, il est impossible d’accéder aux sites sans guide. Si l’on y perd en indépendance, on y gagne en compréhension. On en apprend énormément sur l’histoire de ces géants de pierre, sur les mythes, les étapes de fabrication, etc. Et l’île n’en devient que plus fascinante encore. Au final, l’île de Pâques restera pour moi un de ces sites archéologiques qui m’ont marqué, comme Abydos en Égypte, les temples du Soleil et de la Lune de Trujillo au Pérou ou Pétra en Jordanie. Des sites qui conservent un peu de mystère, qui nous parlent de croyances anciennes et nous disent quelque chose sur le rapport des Hommes au spirituel et à la mort. 

Dans un registre totalement différent, le nord du Chili offre des paysages exceptionnels. Autour de San Pedro de Atacama, nous avons découvert des paysages parfois lunaires, parfois un peu martiens, mais toujours dignes des plus grandes productions hollywoodiennes. Souvent seuls, ou presque, au milieu de paysages à perte de vue, nous en avons pris plein les yeux, dans des endroits tellement différents de ceux que nous avions vus jusque-là, lors de notre voyage autour du monde. 

Et pourtant, si le Chili est une source inépuisable pour faire de magnifiques photographies, le pays ne semble pas savoir comment accueillir ses touristes. Oui, les paysages du nord sont incroyables. Oui, les moaïs tiennent toutes leurs promesses. Mais tout cela a un coût. Puisqu’il n’est plus possible de visiter les sites de l’île de Pâques en indépendant, il faudra casser la tirelire pour payer les tours qui vous y conduiront. Et c’est très cher (en plus, évidemment, de payer le ticket d’entrée aux sites). De la même façon, chaque lagune, chaque site un tant soit peu joli dans le désert d’Atacama coûte excessivement cher. 

Et si les tours sur l’île de Pâques offrent des avantages indiscutables, payer pour chaque lagune dans le nord semble un peu exagéré. Oubliez l’idée de louer une voiture et de passer d’un site à l’autre, en toute insouciance, pour profiter des beautés de la région. La gestion des sites est mauvaise. Il faut tantôt réserver sur internet la veille, tantôt payer sur place uniquement en liquide ou uniquement par carte… et vu le prix des sites, vous déciderez rapidement de ne pas retourner voir cette jolie lagune qui vous avait plu deux jours plus tôt. 

Encore une fois, je crois fermement que le tourisme est affaire d’expériences, et pas seulement des clichés qu’on ramène ou qu’on poste sur Instagram. Et le Chili a la fâcheuse tendance à gâcher un peu l’expérience du voyageur en le transformant en portefeuille ambulant et en n’offrant aucune formule groupée (un ticket commun à l’ensemble des sites d’Atacama faciliterait grandement la vie des touristes, et leur expérience). Déjà que le Chili coûte relativement cher, mieux vaudrait rendre les processus plus simples.

Mais le tourisme ne semble pas être la préoccupation principale des décideurs chiliens. Si les lagunes et les sites sont exceptionnels, mieux vaut ne pas être trop regardant sur les routes qui y mènent. Je ne parle pas ici de l’état, parfois très mauvais des routes (ce qui, soyons honnêtes, arrange bien les agences, qui tentent par tous les moyens de décourager les malins qui ont loué une voiture en leur disant que les routes sont impraticables en indépendant et qu’il est nécessaire de payer leurs tours hors de prix). Non, je pense aux paysages autour de San Pedro de Atacama, qui rappellent qu’au-delà de leur intérêt esthétique, ces endroits ont aussi (surtout ?) un intérêt économique. Beaucoup de terres sont exploitées, quitte à fermer certains des plus beaux sites au tourisme pour en extraire le lithium (le salar de Tara par exemple, en a fait les frais). Cela rend les paysages moins beaux, et tellement moins magiques que ce qu’on peut voir sur les réseaux sociaux.

Bien sûr, après 8 mois de voyages et, de façon plus générale, une cinquantaine de pays visités, nous en avons vu des endroits où le touriste est perçu comme une valeur marchande brute. Et le Chili est loin d’être le pire cas. Mais l’arrière-goût désagréable laissé par cette sensation de payer des montants excessifs pour chaque site, aussi beau soit-il, y est malheureusement renforcée par l’accueil assez mitigé que les Chiliens eux-mêmes réservent aux visiteurs. Pourtant, nous y étions en période plutôt creuse et plusieurs hôtels étaient quasi vides. Cela n’a jamais empêché les employés des hôtels, des restaurants ou les vendeurs de ne sourire qu’à de très rares occasions. Après six mois en Asie, qui compte parmi les populations les plus souriantes du monde, et un mois en Australie, le choc a été assez brutal ! Et inutile d’espérer une quelconque aide si vous ne parlez pas espagnol : l’immense majorité des Chiliens part du principe que vous parlez nécessairement espagnol et personne ne fera l’effort d’utiliser les outils aujourd’hui à disposition sur tous les téléphones pour se faire comprendre et vous faciliter la vie (comme le font systématiquement les Coréens, les Chinois ou les Japonais par exemple)…

Et c’est bien dommage parce que, en termes de paysages et d’Histoire, le Chili et sa lointaine île de Pâques valent, de toute évidence, le voyage. Et il y a fort à parier qu’on y retournera un jour pour découvrir le sud et ses immenses glaciers, même si quelque chose me dit que ce voyage-là ne sera pas donné !…

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