THE HAIRY GIRAFFE… AU CHILI
Après deux semaines au Chili et à l’île de Pâques, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.
Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches. |
Le bilan de François
Treizième destination de notre tour du monde, nous débutons notre voyage au Chili avec quelques appréhensions.
La première : l’insécurité. L’Amérique latine n’est pas connue pour être une région très sûre surtout quand on a une tête d’étranger.
Les vols à l’arraché ou à main armée y sont plus présents qu’en Occident. Des bagages qui disparaissent dans les transports en commun ou des enfants qui rampent sous les bancs d’un autobus pour éventrer un sac posé par terre et se servir comme s’il s’agissait d’une piñata ne sont pas des mythes.
Le souvenir de notre séjour au Brésil est encore trop présent dans notre mémoire. On ne se souvient que trop bien des rues de Sao Paulo dont les immeubles sont sécurisés avec des grilles, des gardiens et des fils électrifiés. On se souvient aussi de la plage de Copacabana où les locaux enfouissaient leurs effets personnels dans le sable avant de s’étendre dessus pour réduire la tentation. On n’a pas non plus oublié les gens louches qui traînaient un peu partout.
La deuxième : l’hygiène souvent défaillante. On a encore des images en tête de poulets crus qui se dorent la couenne au soleil toute la journée le long d’une rue poussièreuse de Huaraz au Pérou. On redoute l’intoxication alimentaire au plus haut point. En plus de sept mois de voyage, nous avons réussi à nous en sauver ce serait bête de gâcher la fin de notre périple.
La dernière : l’arnaque. Encore une fois, arnaquer le touriste est une pratique courante en Amérique latine. Des prix qui sont fixés à la gueule du client (pas de chance si tu es Occidental), des négociations interminables avec le marchand pour tenter d’obtenir un prix correct pour une babiole clairement faite en Chine, des montants mystérieux qui apparaissent sur une facture… Cette activité n’est pas pratiquée qu’ici évidemment. Nous avons joué le jeu en Égypte, en Inde, en Birmanie, en Indonésie… Si c’est rigolo trois minutes, je m’en lasse et m’énerve assez rapidement. Après être passé par des pays où les gens sont honnêtes et carrés comme Taïwan, la Chine, le Japon ou l’Australie, je n’ai pas envie de plonger à nouveau dans un endroit où les arnaques sont presque devenues culturelles.
En voyant toutes ces craintes, il serait logique de se demander pourquoi nous avons choisi de passer par l’Amérique du Sud ? Pourquoi s’infliger tout cela ? La réponse se fait en deux parties.
La première est la praticité. Pour faire un tour du monde en bonne et due forme, il faut survoler deux océans. Ainsi, si nous décidons de faire demi-tour depuis Auckland et de rentrer en volant vers l’ouest, nous n’aurions pas fait un “tour du monde”. Nous aurions simplement fait un très long voyage à travers l’Asie. Ainsi, il nous faut poursuivre notre voyage vers l’est. Depuis la Nouvelle-Zélande, les vols transpacifiques sont limités. Le choix de la destination d’arrivée correspond à la deuxième facette de la question : la nouveauté.
À travers ce voyage, nous avons choisi de découvrir de nouvelles contrées de notre planète. Toutes nos destinations étaient sources de découvertes et de nouveautés. Mis à part le Japon pour Benjamin, nous n’avons visité que des pays où nous n’étions encore jamais allés. En gardant cette logique en tête, il nous était donc impossible de nous arrêter aux États-Unis ou au Canada, pays que nous avons déjà parcourus à de nombreuses reprises.
C’est donc avec la tête remplie de toutes nos craintes que nous atterrissons à Santiago. Je dois avouer que la surprise a été bien présente. Des prix affichés et donc identiques pour tous, des frigos et des congélateurs (qui fonctionnent) dans lesquels la viande et les produits laitiers sont conservés, des rues relativement propres… Je ne m’y attendais pas. Même en nous baladant dans les rues de Santiago on se sent beaucoup plus sereins que dans les rues de Rio ou de Lima. On s’entend. Notre niveau de vigilance n’est pas aussi bas que lorsque nous marchions dans les rues d’Auckland, de Sydney ou de Tokyo, mais, il n’empêche qu’on n’est pas non plus en train de regarder tout autour de nous toutes les 4 secondes en mode chiens de chasse aux aguets. On ose même sortir un appareil photo (certes mis autour du coup) sur la Plaza de Armas et dans les rues. À San Pedro, c’est encore mieux. Nous n’avons aucune inquiétude à nous promener dans les rues.
C’est beaucoup plus facile de visiter une ville ou un pays lorsqu’on n’a pas l’impression qu’on va se faire dépouiller au moindre pas.
Ceci étant dit, le Chili, c’est comment ?
Autant la ville de Santiago m’a paru un peu fade, autant j’ai adoré le désert d’Atacama. Certes, atterrir à Santiago avec une vue sur la cordillère des Andes, ça en jette. Se balader dans les rues de la capitale et voir les sommets enneigés, c’est sympa… à condition que la qualité de l’air le permette. Et… c’est à peu près tout. Santiago ne présente pas beaucoup d’intérêt.
En revanche, rouler dans le désert d’Atacama a un petit côté hors du temps. On est seul sur des kilomètres de route. On admire les paysages magnifiques. On s’extasie devant des lagunes colorées et des déserts de sel. On salue trois vigognes. On profite du moment présent. C’est calme et reposant surtout lorsqu’on a la chance de tomber en période non touristique.
Et l’île de Pâques dans tout ça ?
J’avais un peu mis l’île de Pâques sur un piédestal avant d’y arriver. Puisqu’il s’agissait de la Polynésie, je m’attendais un peu naïvement à y retrouver tous les éléments qui m’avaient tant charmé lors de notre séjour en Polynésie française. Je m’attendais à y retrouver cette chaleur humaine et cet accueil si caractéristiques des Polynésiens. J’espérais y sentir à nouveau le mana (cette force présente partout en Polynésie) comme je l’avais senti sur les sites sacrés des îles de la Société et aux Marquises. Je souhaitais ressentir à nouveau cette tristesse de quitter l’île, preuve que j’y m’y étais senti bien et que j’avais envie d’y rester plus longtemps.
En vrai, j’ai un peu déchanté. L’influence polynésienne a été surpassée par l’influence sud-américaine. L’accueil que nous avons pu avoir dans les hôtels, commerces et restaurants était davantage froid et plus digne de celui qu’on nous a servi sur le continent que de celui qu’on a reçu un peu partout en Polynésie. À l’île de Pâques, je me suis senti avant tout comme un porte-monnaie capable de dépenser de l’argent sans compter (souvent pour un service de moindre qualité) que comme un invité. Je me souviens notamment du propriétaire du gîte où on logeait qui nous fait une “faveur” en nous offrant un prix plus bas pour assister à un spectacle de danse traditionnelle. Jusque là, ça va, mais quand il me demande de le payer, là, tout de suite, alors que le spectacle a débuté depuis plus de dix minutes. Je trouve ça moyen.
Certes, les moaïs sont magnifiques. Certains sites sont carrément impressionnants. Malheureusement, je n’ai pas réussi à ressentir la magie des lieux comme c’était le cas lorsque je découvrais un marae tahitien. Je n’ai pas réussi à sentir l’âme de l’île et ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Je suis un grand fan de la culture polynésienne à un tel point que j’en ai une partie de tatouée dans la peau. J’ai souri. J’ai lancé les deux-trois mots de polynésien que je connais. J’ai dit à qui voulait l’entendre que je connaissais Tahiti et les Marquises. Je me suis extasié devant le moindre moaï, tiki ou autre représentation de divinité. Ça n’a que très rarement fait mouche. En échange, j’ai eu droit à de simples “Holà”, des sourires discrets, des moues et des airs bêtes. Autant en Polynésie française, je me sentais le bienvenu, autant à l’île de Pâques, j’avais l’impression de n’être qu’un vulgaire touriste.
Le Chili, ça vaut la peine d’y aller ?
Oui, assurément. Il s’agit du pays d’Amérique latine le plus confortable que j’ai pu faire jusqu’à présent. Si Santiago est très anecdotique, le désert d’Atacama et ses paysages à couper le souffle valent clairement le voyage. Le touriste de passage au Chili doit aussi pousser son itinéraire jusqu’à l’île de Pâques. Les moaïs sont impressionnants et certains sites sont magnifiques. Par contre, il faut davantage voir ce séjour comme une extension exotique du Chili que comme une escapade en Polynésie, au risque sinon d’en revenir déçu.
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