THE HAIRY GIRAFFE… EN CHINE

Après un mois en Chine dont 15 jours au Yunnan, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de François

Le souhait de partir en Chine venait de Benjamin. Je n’étais pas vraiment (voire pas du tout) excité à l’idée de l’inclure dans notre tour du monde et encore moins d’y passer plus de 3 semaines. Je n’ai jamais eu une appétence marquée pour la Chine. Mes expériences passées avec des Chinois n’ont jamais été particulièrement intéressantes. À l’école secondaire, les nombreux jeunes d’origine chinoise présents avaient l’habitude de rester entre eux sans parler aux autres. En voyage, les touristes chinois sont connus pour se déplacer en énormes groupes et prendre beaucoup de place. Après l’Inde et les émotions que j’y ai vécues, j’avoue que je n’avais pas forcément envie de me retrouver englouti par une marée humaine bruyante dans un décor crado. Crado, car pour moi, la Chine, c’était comme les quartiers chinois que j’avais pu visiter à Montréal, Toronto ou New York.

Des quartiers aux bâtiments abîmés par le temps, souvent bruyants, aux odeurs étranges et aux canards morts dans les vitrines des restaurants. Ces quartiers sont aussi souvent sales et il n’est pas rare de voir un cafard ou un rongeur se balader dans la rue ou simplement sortir d’un restaurant. Rien de bien ragoûtant. Pourquoi aurais-je envie d’aller passer un mois dans un tel endroit ? Pour la Grande Muraille et la Cité interdite ? Ce n’est pas suffisant. Il y a bien le Taj Mahal en Inde, le voyage n’en est pas moins horrible. L’inconvénient de voyager avec votre mari qui vous connait bien, c’est qu’il sait utiliser les bons arguments pour vous convaincre. Benjamin n’a eu qu’à me dire qu’on pourrait passer une journée à regarder des pandas pour fragiliser ma défense. Le coup de grâce a eu lieu lorsqu’il m’a annoncé qu’on pourrait ensuite passer par le Japon où mon côté geek serait comblé. J’étais au sol, K.O. Allez, ok, faisons de la Chine la septième destination de notre tour du monde (et allons voir des pandas !)

Alors, la Chine, c’est si pire que ça ?

Je dois avouer que j’ai eu un choc en arrivant à Kunming. Pas un choc qui me donne envie de me boucher le nez ou de m’arracher les yeux comme c’est déjà arrivé. Un choc différent. Le genre à vous scier sur place, bouche bée, tout en vous faisant vivre un moment où vous vous sentez complètement stupide. Stupide d’avoir pu croire une seconde que la Chine pouvait être pourrie. 

Sur plusieurs points, la modernité chinoise n’a rien à envier à la coréenne. Les métros sont modernes, les trains, rapides. Les rues sont propres (même tres propres, j’ai rarement vu autant d’employés d’entretien s’appliquer à la tâche) et les rats n’y courent pas. 

C’est fou à quel point, en Occident, nous n’avons aucune idée réelle de ce qui peut se passer en Chine. Il y a une telle opacité qu’on finit par penser plein de choses farfelues sur le pays. Mes préjugés d’une Chine miteuse et non moderne, je les partage avec d’autres. En surfant sur le net, on en trouve même des pires que les miens notamment que les jeunes enfants ont tous un trou au fessier de leur pantalon pour faciliter l’expression de certains besoins naturels… En vrai, il n’y a rien de tout ça (peut-être dans des coins reculés et encore). La Chine, c’est confortable et agréable. Les Chinois sont généralement gentils et accueillants et ne perçoivent pas le touriste occidental comme un ennemi de la nation. Au contraire, ils tentent au mieux de le comprendre et n’hésitent pas à venir lui demander à prendre une photo avec lui. Les préjugés à l’égard de la Chine ont tout de même du bon : les touristes occidentaux se comptent sur les doigts d’une main. Mis à part à Pékin et dans une moindre mesure à Xi’an, les touristes non Chinois se font rares. Il nous est arrivé à plusieurs reprises dans le Yunnan de ne croiser aucun Occidental durant une journée entière. De quoi faciliter l’immersion et changer complètement l’expérience de voyage.

Tout semble beau et merveilleux dans l’Empire du Milieu. En fait, non. Il y a un gros (voire un énorme souci) : la surveillance omniprésente à laquelle s’ajoute une censure exercée par l’État. Les caméras sont partout en Chine. Dans la rue, à bord des trains, dans les ascenseurs. Elles filment les allées et venues de tout le monde. À cela s’ajoute une reconnaissance faciale au top digne d’un film de science-fiction. Pour un Chinois, il est possible de retirer de l’argent ou de payer son ticket de métro qu’en plaçant son visage devant la caméra. Pour entrer sur un site touristique, prendre un bus ou acheter un billet de métro à Pékin (oui, oui, un simple ticket de métro), l’individu lambda a l’obligation de montrer sa pièce d’identité. Je n’ai jamais montré mon passeport aussi souvent que durant mon séjour en Chine. En Chine, il est totalement impossible de passer inaperçu. Pratique et sécuritaire, indéniablement. Invasion de la vie privée, assurément. C’est aussi une multitude de données personnelles qui sont récupérées, stockées et qui pourraient potentiellement être utilisées. Si les Chinois ne semblent pas être troublés par cela, moi, ça m’a choqué autant que ça m’a fait flipper. C’est effrayant de se sentir constamment observé même si je sais que je ne suis pas forcément très intéressant pour les hauts dirigeants. C’est aussi frustrant de ne pas pouvoir circuler librement, d’être constamment obligé de montrer son passeport à gauche et à droite et d’avoir l’impression d’être épié. Désolé, mais un passeport, ce n’est pas banal comme document. C’est finalement oppressant d’évoluer dans ce système où la sphère privée est une utopie. Je suis peut-être complètement parano, mais, moi, être comme un rat de laboratoire, ce n’est pas mon truc.

La Chine, ça vaut la peine d’y aller ?

La Chine mérite d’être connue. Autant j’étais résistant à y passer plusieurs semaines, autant, avec le recul, je ne regrette pas du tout d’y être allé. J’y ai vu des paysages magnifiques allant des montagnes enneigées aux cerisiers en fleur (sans doute aussi splendides qu’au Japon). J’ai découvert un pays avec une histoire et une véritable culture ancestrale. J’y ai mangé de la très bonne cuisine même si parfois il m’arrivait de cracher quelques flammes. J’y ai rencontré des gens généralement gentils et agréables, notamment dans le Yunnan. Juste pour tout ça, la Chine vaut le voyage. 

Est-ce que je retournerai en Chine ? Oui, très probablement. J’ai passé du bon temps. De plus, le pays est immense et je n’en ai vu qu’une partie. 

Est-ce que je m’installerais en Chine ? La question se pose puisque le pays nous a plu à tous les deux. Après tout, nous nous sommes posés la question après notre voyage en Polynésie et en Corée du Sud. Sans aucune hésitation cette fois, la réponse est non. Difficile de passer sous silence le côté Big Brother qui fait parfois froid dans le dos. Il nous rappelle à quel point c’est bien d’avoir la chance de vivre dans un pays qui prend en compte les libertés individuelles et qui permet une liberté d’expression. Je refuse de m’installer dans un endroit où je ne pourrais pas penser librement et où j’aurais peur qu’on m’expulse ou qu’on m’enferme pour avoir dit une chose qui va à l’encontre de la doctrine imposée par le gouvernement. 

Et alors, les pandas ?

Notre journée à la Base de recherche sur le panda de Chengdu était tout simplement incroyable. Nous y avons vu plus d’une quarantaine de pandas géants en pleine activité. On s’entend qu’un panda géant ça ne court pas comme un guépard. Par contre, ça grimpe aux arbres, ça joue et ça mange une quantité incroyable de bambou. Voir ces animaux rares si près était une expérience privilégiée dont je me souviendrai longtemps. Juste pour les pandas, le voyage en Chine en valait la peine. Le reste, c’était du bonus.

Retrouvez le bilan de Benjamin :

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