Si l’Ouzbékistan est connu pour la beauté de ses mosquées et de ses madrasas, un voyage dans ce pays d’Asie centrale peut aussi être l’occasion d’aller voir la mer d’Aral. Évidemment, on ne va pas à la mer d’Aral comme on irait passer ses vacances en bord de Méditerranée. Oubliez les plages de sable blanc, les dégustations de poissons et crustacés, et les paysages verdoyants.

La mer d’Aral, autrefois l’une des quatre plus grandes étendues d’eau intérieures du monde, incarne l’histoire tragique de la sur-utilisation des ressources en eau et l’impact de la démesure de certaines décisions politiques sur la nature.

Oui, même si on adore les plages et le repos (voir notre voyage en Polynésie française), on aime aussi apprendre des choses pendant nos voyages !

Dès les années 1920 et 1930, sous le règne de Staline, l’URSS a entrepris une série de projets d’irrigation massifs en Asie centrale pour augmenter la production de coton et renforcer l’autosuffisance agricole de l’Union soviétique. Ces projets se sont poursuivis après la mort de Staline en 1953. Les politiques de collecte et de redistribution de l’eau ont été intensifiées dans les années 1960 et au-delà, sous la direction des dirigeants soviétiques ultérieurs.

À partir des années 1960, le détournement massif des eaux des rivières Amou-Daria et Syr-Daria, les principales sources d’alimentation de la mer d’Aral, pour l’irrigation a entraîné une réduction significative du flux d’eau dans la mer d’Aral.

Au fil des décennies, la mer d’Aral a commencé à se rétrécir et à s’assécher de manière dramatique en raison du manque d’apports d’eau. Dans les années 1960, elle avait déjà perdu plus de la moitié de sa superficie initiale ! Dans les années 1980 et 1990, la mer d’Aral s’est fragmentée en plusieurs petites étendues d’eau, avec des conséquences désastreuses pour les communautés locales et l’environnement.

Une majorité de touristes en Ouzbékistan ne visitent que les villes de la Route de la soie (Khiva, notre coup de cœur, mais aussi Boukhara et Samarcande ; voir notre itinéraire de deux semaines), mais il est tout à fait possible de faire un détour depuis Khiva et d’aller voir la mer d’Aral… ou plutôt ce qu’il en reste.

Aujourd’hui, malgré la désolation apparente de cette région, la mer d’Aral offre aux touristes une opportunité unique de voir les conséquences désastreuses des décisions gouvernementales prises sans une réelle compréhension des répercussions environnementales à long terme.

Côté Ouzbékistan, vous pouvez visiter l’ancien port de Moynaq, aujourd’hui situé à plus de 150 km du rivage ! Un petit musée sans grand intérêt fait face aux épaves de bateaux abandonnés, témoins de la triste histoire de la région. Le lieu est vraiment poignant : un paysage de désolation qui ne nous a pas laissé indifférents.

Pour atteindre la mer d’Aral, sachez cependant que le trajet est long et fatiguant. Vous passerez beaucoup de temps dans la voiture sur un trajet en partie non bitumé. En effet, après Moynaq, le 4×4 roule sur la mer d’Aral : il n’y a donc pas de routes à proprement parler et ça saute un peu dans tous les sens. Il est possible de faire le trajet depuis Khiva mais les journées sont alors très chargées : départ à 6h du matin et retour le lendemain en début de soirée, avec une bonne dizaine d’heures de route pour le premier jour.

On a préféré couper le trajet aller en deux (le trajet retour est plus court parce qu’on ne repasse pas par Moynaq) en passant une nuit à Noukhous. Le lendemain, on est retourné directement à Khiva, où on a passé un peu de temps pour se reposer.

Il est possible de s’arrêter à Moynaq et de retourner directement à Khiva mais on voulait voir le rivage actuel. On ne regrette pas du tout parce que voir l’ancien port, rouler sur une mer asséchée pendant des heures et atteindre enfin le rivage actuel permet de vraiment mesurer l’ampleur de la tragédie. Et pour la partie plus fun, on a passé une nuit dans une yourte, face au rivage.

L’assèchement de la mer d’Aral a exposé des sédiments riches en sel et en produits chimiques toxiques, contribuant à la formation de tempêtes de poussière. Ces tempêtes de poussière transportent des particules fines et des substances nocives, ce qui a un impact sur la qualité de l’air dans la région et peut causer des problèmes de santé respiratoire. Sur toute la traversée de la partie asséchée de la mer d’Aral, on voit des tourbillons de poussière, comme autant de mini-cyclones.

L’assèchement de la mer d’Aral a laissé derrière lui d’immenses étendues de lits de sel, ce qui a provoqué une salinisation accrue des sols environnants. Les sols sont devenus en grande partie impropres à l’agriculture. Le rivage actuel est un exemple frappant de cette salinisation : la plage est blanche, recouverte de sel.

Évidemment, les conséquences de l’assèchement de la mer d’Aral sur les populations sont dramatiques. Les populations locales ont été exposées à des produits chimiques toxiques, ce qui a entraîné des problèmes de santé tels que des maladies de la peau, des problèmes gastro-intestinaux et des problèmes de santé graves. Les populations locales ont dû faire face à des difficultés pour accéder à une source d’eau propre et sûre. L’effondrement de l’industrie de la pêche due à l’assèchement de la mer d’Aral a également entraîné une pauvreté accrue et beaucoup d’habitants ont émigré.

Ces dernières années, le tourisme apparaît comme une lueur d’espoir pour redynamiser un peu la région.

Ce ne sont donc pas des paysages d’une grande beauté ni un séjour relaxant ou reposant qu’on vous propose ici. Mais un symbole fort d’une des plus grandes catastrophes environnementales du XXe siècle. Et, on peut vous promettre une chose : vous vous souviendrez longtemps de votre passage à la mer d’Aral.

Pour en savoir plus sur l’Ouzbékistan, retrouvez notre itinéraire et nos bilans !