THE HAIRY GIRAFFE… EN INDONÉSIE

Après un mois en Indonésie, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de Benjamin

L’itinéraire de notre séjour en Indonésie fut l’une des parties les plus difficiles à définir lors de la préparation de notre voyage de 8 mois autour du monde. Longtemps, je me suis posé mille questions : quelles îles visiter ? combien de temps pour chaque île ? comment passer d’une île à l’autre ? d’une ville à l’autre ?…

Je savais que Java serait forcément au programme : pour moi, l’Indonésie, c’était avant tout des volcans, et le mont Bromo était tout en haut de ma liste. Mais pour le reste, entre Bali, Flores, Komodo, Sumatra, Bornéo, le Sulawesi… comment choisir ? 

Finalement, le programme initial (une semaine à Java, deux semaines à Bali et une au Sulawesi) devait offrir un bel équilibre entre nature et culture, entre zones hautement touristiques et espaces plus sauvages, entre journées fatigantes et farniente. Mais parfois, les projets se heurtent à la réalité et nous avons dû revoir nos plans et annuler la semaine au Sulawesi, le temps de nous remettre de la dengue… 

Nous avons donc passé une semaine à Java et trois à Bali. Et ce changement fut d’autant plus un crève-cœur que je ne suis pas particulièrement tombé sous le charme de Bali. 

Je savais que Bali avait un peu mauvaise réputation: trop touristique, trop fêtarde, plus du tout authentique… Mais nous avions entendu les mêmes critiques au sujet de Bora Bora, une île que nous avions adorée. Alors j’avais décidé de garder Bali au programme mais en diversifiant notre parcours, entre Munduk, Ubud, Kuta et Amed, histoire de voir les différentes facettes de l’île. 

Java a été mon coup de cœur indonésien. Certes, voyager sur l’île, c’est se confronter à la lenteur des déplacements, à des conditions sanitaires parfois mauvaises, à des taxes et des prix pour touristes complètement ubuesques, à des tentatives d’arnaques toujours pénibles. Certes, les villes n’ont guère d’intérêt architectural ou culturel. Mais les beautés de Prambanan, Borobudur et Bromo valent à elles seules le voyage. Et la gentillesse des habitants ajoute un charme certain à la visite. 

À Java, je me suis senti dans un autre monde, dans un de ces endroits où vous retrouvez votre âme d’aventurier (et tant pis si des centaines de touristes admirent à côté de vous le lever du soleil sur le mont Bromo : le paysage est tellement démesuré qu’il est aisé de les ignorer. Et puis, avec un peu de patience, on finit par se retrouver littéralement seul devant ce spectacle exceptionnel, la majorité des touristes optant pour le même tour guidé qui les oblige à quitter les lieux tout de suite après l’apparition des premiers rayons du soleil). 

Lorsque nous avons traversé l’étroit passage maritime qui sépare Java de Bali, ma première impression fut merveilleuse : partout, des statues et des petits temples. Partout, la forêt tropicale. Bali promettait une découverte incroyable entre nature protégée et culture religieuse fascinante. Mais rapidement, dès Munduk, pourtant encore protégée du tourisme de masse, j’ai compris qu’à Bali, le dieu tourisme règnerait sans concession. Chaque petite cascade, chaque mini temple, chaque promenade dans des rizières se paient au prix fort. Le constat était le même à Java, mais si les sites y étaient hors de prix, ils étaient aussi exceptionnellement beaux. À Bali, rien ne m’a paru extraordinaire. 

Il ne faut pourtant pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il y a, à Bali, de très beaux paysages ruraux et l’architecture religieuse est parfois magnifique. Mais au lieu de protéger ses atouts, l’île s’est trop adaptée aux touristes qu’elle accueille. 

Chaque ville que nous avons visitée attire des touristes différents et semble s’être entièrement modulée pour répondre à leur profil. Kuta est ainsi une station balnéaire pour Australiens venus boire de la bière ou fêter un enterrement de vie de garçon. De l’autre côté de l’île, Amed est un repaire de Français venus faire du snorkeling dans une eau pleine de plastique. Ubud attire Occidentaux et Asiatiques qui souhaitent remplir leur Instagram la journée et faire des rencontres le soir. Munduk est fréquenté par des bloggeurs européens qui parcourent la région en scooter à la recherche d’une authenticité rurale. 

Pour répondre à ces touristes, les rues de Bali se sont couvertes tantôt de pubs australiens, tantôt de loueurs de deux-roues, de centres de massages, de boutiques où les faux sacs Vuitton côtoient les phallus en bois, de centres de plongée où l’on parle français, ou encore de spots instagrammables qui défigurent des paysages autrefois magnifiques de rizières ou de cascades… Le tout dans un joyeux bordel et l’anarchie la plus complète. 

À Bali, le tourisme représente 80% de l’économie. Alors tout le monde réclame sa part. Chaque ville abrite des dizaines de magasins, qui vendent tous exactement la même chose (made in China, il va sans dire). Tout le monde s’improvise chauffeur de taxi ou masseur professionnel. Et le touriste ne peut plus faire un pas sans être sollicité, voire harcelé pour payer ou acheter quelque chose. Plus la ville est touristique, moins les échanges avec les habitants sont cordiaux et sincères. 

Et puis, malheureusement, les paysages et l’architecture de Bali sont indéniablement photogéniques. Je dis malheureusement parce que, à l’instar des Philippines, les images de Bali sont souvent trompeuses et ne disent rien de l’expérience réelle. 

Trop d’hôtels ont utilisé les services d’influenceurs pour prendre les photos de leur piscine et de leurs chambres. On choisit donc un hôtel où tout ne semble qu’être luxe, calme et volupté. En tout cas, c’est ce que promettent les photos sur Booking.com, photos dont la saturation est poussée au maximum et qui souffrent d’une utilisation à outrance de la fonction HDR. Ce que ne disent pas les photos, c’est que le bruit incessant des klaxons, des moteurs des deux-roues ou du bar d’à côté vous empêchera de vous reposer un seul instant. De la même façon, les incroyables photographies des rizières en terrasses cachent une réalité bien triste : les plus belles terrasses ne sont rien d’autre qu’un parc d’attraction entièrement dédié à Instagram et qu’aucun agriculteur ne cultive depuis bien longtemps…

Encore une fois, je ne nie pas la beauté de certains paysages ou temples, même si aucun site ne m’a paru sortir vraiment du lot et valoir à lui seul le voyage. Ce serait à refaire, j’incluerais Bali dans mon programme, mais je n’y consacrerais qu’une petite semaine : 2 jours à Munduk, 1 jour à Ubud et 2 ou 3 jours à visiter les principaux sites de l’île en voiture. Même si un temps ensoleillé n’est assuré que sur le littoral et même si’il pleut très souvent à l’intérieur des terres, je bouderais volontiers les plages de Bali, qui sont loin d’être jolies, propres ou agréables. 

Une semaine à Bali, c’est parfait non seulement pour faire le tour de ce que l’île a à offrir d’intéressant mais surtout, cela laisse vraiment le temps de découvrir des îles moins façonnées par le tourisme et de s’aventurer dans des coins plus authentiques de l’Indonésie. Et si la dengue ne nous avait pas mis K.O. pendant une bonne semaine, nous aurions pu découvrir un de ces coins au Sulawesi. Un de mes plus grands regrets de ce tour du monde…

Retrouvez le bilan de François :

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