THE HAIRY GIRAFFE… AUX PHILIPPINES

Après deux semaines aux Philippines, il est l’heure de dresser le bilan. Comment avons-nous vécu ce voyage ? Quels ont été nos joies, nos déceptions, nos interrogations, nos doutes, nos découvertes ? Il ne s’agit évidemment pas du bilan d’un pays mais de celui d’un voyage. Tel que nous l’avons perçu, individuellement, subjectivement.


Nous, c’est François et Benjamin, coiffeurs de girafes et amateurs de voyages. Sur ce blog, retrouvez nos voyages, nos astuces, nos humeurs et tout le nécessaire pour devenir coiffeur de girafes et partir explorer le monde. Un blog honnête avec des photos garanties 100% sans filtres ni retouches.

Le bilan de François

Les Philippines étaient la cinquième destination de notre tour du monde. C’est aussi la première destination plage depuis plus de deux mois de voyage et la seule avant encore un bout de temps. C’est d’ailleurs ces plages et ces décors de cartes postales qui nous ont décidé à inclure les Philippines à notre tour du monde. 

On peut d’entrée de jeu dire que les Philippines offrent réellement de magnifiques paysages. Je garderai d’agréables souvenirs des eaux translucides et turquoise de Coron et d’El Nido. Des eaux qui ne donnent qu’une envie et c’est de plonger dedans. Nous avons aussi tous les deux été conquis par les décors d’El Nido. Il faut dire que les hauts reliefs montagneux qui se jettent dans la mer sont impressionnants. 

Aux Philippines, il y a un réel effet apaisant à s’asseoir sur une plage, à écouter le clapotis des vagues tout en regardant les oiseaux voler. Si on ajoute à ça un soda bien froid dans une main et le fait d’être seul sur un bout d’île, ça sent vraiment bon les vacances. Si en plus on a la motivation pour se lever de notre serviette, poser son bouquin et son soda (que nous buvons toujours parce que nous profitons de chaque gorgée), pour enfiler masque et tuba et mettre la tête sous l’eau, un monde rempli de vie et de couleurs s’offre à nous.

En lisant les blogs, c’est un peu l’idée qu’on se fait des Philippines. On a évidemment hâte de vivre tous ces merveilleux moments. On a aussi hâte de rencontrer les Philippins décrits par tous comme étant souriants et d’une gentillesse exemplaire. 

Ces même blogueurs nous font aussi rêver en nous parlant des saveurs des Philippines avec des noms de plats aussi exotiques que rigolos tels que adobo et halo-halo.

Décidément, les Philippines sont visiblement le paradis de tout vacancier fan de plages et d’exotisme. 

Oui, mais…

Oui, il y a un mais. Et même plusieurs. Ce que ne montrent pas les (très nombreux) influenceurs que nous avons croisés durant nos deux semaines, c’est l’envers de ce paradis. Ils ne disent pas (pas trop fort du moins) qu’on est rarement seul sur une plage des Philippines. Déjà, les plages sont rarement facilement accessibles en solo. Pour avoir droit aux plages de cartes postales, il faut payer des tours. Aux Philippines, la norme c’est d’avoir entre 20 et 25 personnes par bateau. C’est donc entre 19 et 24 touristes de trop si vous comptiez être seul sur votre plage. L’autre chose, c’est que tous les bateaux partent en même temps et font les mêmes circuits. Votre bateau ne sera donc pas le seul à accoster la plage de sable fin qui vous fait tant rêver. Il sera parmi une horde d’une bonne douzaine d’autres embarcations. Alors, si on fait le calcul conservateur suivant : 12 bateaux x 20 passagers chacun = 240 personnes relativement en même temps sur votre plage paradisiaque au sable fin et dans ses eaux environnantes. Il vous faudra donc faire des miracles pour n’avoir personne sur vos photos (ou utilisez un logiciel de traitement de photos, ce sera plus facile). Bien sûr, vous avez la possibilité de mettre la main au portefeuille pour partir en tour privatif. Par contre, comme votre bateau fera le même parcours que tous les autres…

Oubliez aussi l’idée de vous prélasser des heures au soleil sur votre coin de plage que vous vous serez approprié à coups de griffes et de dents. En tour, il faut que ça roule. Vous ne resterez en moyenne que 45 minutes à chacun des arrêts. Le temps d’ingurgiter votre soda, de vous enduire de crème et de lire trois pages de votre polar préféré. Loin des longs moments de détente prévus initialement. 

Les blogueurs que nous avons croisés s’empresseront aussi de vous faire rêver en postant leurs photos d’une faune sous-marine foisonnante. Ils oublieront toutefois de préciser que la majorité des coins de snorkeling qu’ils auront vus auront été très décevants. La majorité des coraux sont blancs et morts et envahis de plantes et d’algues. La population de poissons qui y vit n’est pas non plus exorbitante. Si les lagons de Polynésie proposaient une variété et une densité de poissons qu’on pourrait comparer à celle d’une grosse ville comme New York, le snorkeling aux Philippines donne davantage l’impression d’avoir plongé la tête dans une ville comme Saskatoon… Ça vend tout de suite moins de rêve.

Vous ne verrez pas non plus sur les photos Instagram la pauvreté qui règne aux Philippines. Si certains quartiers de Manille donnent l’impression d’une certaine richesse notamment avec la construction d’un des plus grands centres commerciaux d’Asie, la réalité est tout autre. Déjà la criminalité importante dans la capitale, le fait qu’une grande partie des Manillais portent leurs sacs à dos devant eux et que des agents de sécurité généralement armés montent la garde devant tous les commerces ou établissements qui accueillent du public laissent sous-entendre que des inégalités sociales sont présentes.

À Coron, El Nido et Cebu, nous avons vu un nombre assez important de gens dormir dans la rue. Beaucoup de maisons sont en tôle. Certaines routes sont dans un état lamentable. À El Nido, toute la journée, des enfants et des adolescents déambulent sur la plage et harcèlent les touristes pour leur vendre des colliers en vraies fausses perles. À Cebu, dans le quartier touristique, des petites filles de 5-6 ans vont à la rencontre des touristes pour leur vendre des bougies alors que des jeunes adolescentes, leur bébé attaché après elles, vendent des magnets. Certes, on est encore bien loin de l’Inde, mais il n’empêche que ces inégalités sont bien réelles et font tache sur les paysages instagrammables.

Parlons maintenant de la gentillesse incontournable des Philippins. En vrai, on la cherche encore. Sur les deux semaines passées ici, nous en avons croisés des Philippins. Nous avons aussi eu plusieurs interactions (essentiellement commerciales) avec eux. Sans rigoler, nous devons avoir vu 4 ou 5 sourires au total. Les “Hi” sont aussi rarement présents. Je ne parle même pas des caissières du supermarché d’El Nido qui lançaient nos achats pour que nous les emballions comme si elles concouraient au lancer de poids. On est loin de l’accueil et de la gentillesse que nous avons eus à Taïwan et au Cambodge. Sur les tours, que ce soit à Coron ou à El Nido, tous les guides qui nous ont accompagnés n’en avaient pas grand-chose à faire de nous. Une fois qu’ils nous avaient annoncé le planning de la journée, ils disparaissaient à l’arrière du bateau fumer, rigoler et regarder des vidéos sur leurs portables avec leurs copains. Je ne dirai qu’à demi-mot, qu’en Polynésie, les guides faisaient de l’animation, mettaient de l’ambiance tout en nous expliquant un tas de trucs. Autrement dit, ils faisaient leur boulot.

Il faut dire qu’ici, et contrairement à la Polynésie par exemple, la culture et les traditions ne courent pas les rues. Dès notre arrivée à Manille nous avions davantage l’impression d’être arrivés en Amérique latine plutôt que dans un pays d’Asie. Cette impression s’est poursuivie lorsque nous nous sommes intéressés à la “gastronomie” locale. D’abord, nous avons reconnu des marques de fast-food américaines. McDonald’s, Wendy’s, KFC, Burger King, Starbucks (et même Tim Hortons !) sont partout. Même dans les chaînes philippines, l’influence américaine est bien présente. On y retrouve les burgers, les glaces et le poulet frit. Les plats plus traditionnels ressemblent à des bouillies peu avenantes servies sur du riz (pour rappeler qu’on est en Asie). Tout est très (trop) salé et très (trop) sucré. L’Américain en moi a même fait une overdose de sucre industriel au point de passer 48h à ne manger que des fruits… 

Ensuite, nous avons tendu l’oreille afin d’écouter des musiques traditionnelles insulaires. Nous n’avons entendu que des chansons américaines des années 60 et 70. Dans les rues, chansons américaines. Dans les taxis, chansons américaines. Dans les commerces, chansons américaines. Dans les avions, chansons américaines. Pas d’airs traditionnels en vue. Dommage, moi qui cherchais un peu d’authenticité…

Les Philippines, ça vaut la peine d’y aller ?

Les Philippines regorgent de trésors naturels. Dommage, qu’elles ne savent pas du tout les préserver et les mettre en valeur. Même si certains voyageurs qui sont venus aux Philippines il y a plus d’une dizaine d’années et qui y sont revenus récemment ont constaté de nets progrès notamment en termes de salubrité, de pollution et d’aménités pour les touristes, il reste encore beaucoup de boulot à accomplir. Les Philippins devront prendre conscience que le tourisme de masse a ses limites, ne plaît pas à grand monde et a des conséquences non négligeables sur la nature qui est au cœur de leurs modèles économique et touristique rappelons-le. Ils devront aussi réaliser qu’un touriste est prêt à payer le prix à condition que les prestations suivent. Ce qui est rarement le cas ici. Pour l’instant, les Philippines bénéficient d’un buzz médiatique considérable qui attire énormément de touristes. Par contre, si aucune prise de conscience n’est faite, il y a des chances pour que l’industrie du tourisme s’en morde les doigts un de ces jours.

OK, c’est bien beau tout ça, mais les Philippines, ça vaut la peine d’y aller ? Oui ou non ?

Je ne regrette pas d’être venu aux Philippines. Le voyage a pris tout son intérêt, à El Nido, lorsque nous avons décidé d’abandonner les tours pour louer un kayak et ainsi avoir plus d’autonomie. Cela nous a permis de nous rapprocher davantage du voyage carte postale même si nous avons définitivement dû enterrer l’idée d’être seuls. Cela nous a même permis de nager avec une tortue. Un moment mémorable. 

En résumé, je crois qu’un touriste qui décide de partir aux Philippines ne doit pas avoir beaucoup d’attentes au risque d’être déçu. De plus, s’il cherche une expérience inoubliable, il ferait mieux de trouver une autre destination. Le monde offre d’autres endroits avec des plages plus jolies et une véritable culture qui ne demandent qu’à être découverts.

Retrouvez le bilan de Benjamin :

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